Anonyme [1652 [?]], LE CAMOVFLET DONNÉ A LA VILLE DE PARIS, pour la réveiller de sa LETHARGIE. , français, latinRéférence RIM : M0_620. Cote locale : B_14_10.
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pour retirer vn homme du sommeil le plus
profond, est de luy faire passer dans les narrines
vne espaisse fumée, qui par la raison des contraires
venant à dissiper les vapeurs qui se sont emparées
du cerueau, le réveillent infailliblement. Paris
depuis long-temps s’est endormy, comme parle
le Prophete au plus fort de ses douleurs, & comme
insensible à sa misere, s’est contenté de ietter
quelque soûpirs qui tesmoignent plus sa lascheté
que son ressentiment : mais enfin l’on luy donne
le Camouflet, l’on porte le fer & le feu dans
son voisinage, & la fumée se dilatant iusques sur
sa surface, ne doit-il pas s’il luy reste quelque dessein
de se guarantir d’vne extreme misere, employer
toutes ses forces pour destruire son assoupissement,
& se ressouuenir de ce qu’il est. Non,
pauure peuple, tu ne manques que de cette connoissance
& de reflexion sur le nombre & la force
de tes habitans, & sur la foiblesse de tes ennemis ;
tu enfermes dans tes murailles vn nombre
sans nombre d’hommes capables d’endosser le
harnois ; quarante mil hommes agguerris peuuent
sortir au premier coup de tambour sur cette
canaille d’estrangers qui n’a de generosité, que
pour le pillage de tes Prouinces : Sera-il dit qu’vne
poignée de volleurs aura reduit la capitale de
l’Estat à des conditions, que tant de Bicoques


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