Anonyme [1652], LE BOVRGEOIS SATVRNIEN, ERRANT PAR LA VILLE DE PARIS, Pour apprendre ce qui se fait & passe, tant du Parlement, de l’Hostel de Ville, que du peuple de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_603. Cote locale : B_17_4.
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fera voir clairement que l’estat des choses n’est
pas au point qu’on luy represente. Il est bien aisé
à nos ennemis de luy persuader ce qu’ils veulent
puis que personne ne leur contredit, & que treuuant
en luy vn esprit disposé comme vne table
d’attente, à receuoir toutes sortes d’opinions &
de volontez, ils y crayonnent tout ce qu’ils veulent,
& y posent toutes les couleurs qu’il leur plaist
mais toutes ces figures sont encore comme les tableaux
d’Alemagne, qui representent les choses
grossieres au naïf, mais qui s’effacent aisement,
n’estant d’estrampez qu’auecque la gomme. De
sorte que nous deuons esperer qu’il viendra vn
iour que le Ciel se rendant fauorable à nos vœux
& à nos importunitez, fera tourner la chance de
nostre costé, & qu’au lieu de ces impressions passagers,
il y en mettra de plus legitimes, qui ne se
pourront biffer, estant conformes au bien & à
la raison. Mais que dis-je, ce coup vous demeure
à acheuer, ô grands Princes du Sang de Bourbon
qui faites parroistre tant de respect & tant de
zele pour celuy que le Ciel a estably pour regner
sur nous, c’est à vous des-je, à paracheuer ces desseins,
qui sont trop grands à la verité pour vn
simple peuple, bien qu’il ait vne bonne volonté
pour son Prince, mais qui ne surpassent point vos
forces, puis qu’absolument parlant vous pouuez
perdre tous ceux qui vous nuisent, par vostre


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