Anonyme [1649], LE BON BOVRGEOIS DE LA PARROISSE DES SAINCTS INNOCENS, A MESSIEVRS DE & cætera. , françaisRéférence RIM : M0_584. Cote locale : B_17_7.
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d’habits de tant de muguets & de coquetes,
& entr’autres de Madamoiselle la & cætera. Qu’ils ne
mangent plus à present qu’il fait chaud tant de Pain
d’épice, lequel leur altere si fort le gozier, qu’ils boiuent
à tire larigot le sang & la substance du pauure palot.
C’est par saint friant ce qu’ils deuroient faire, &<lb/> non pas s’amuser aux memoires de Martin & de Gautier,
fourant pesle-mesle dans leurs briborions tout ce
qu’on leur baille sans sçauoir bonnement s’ils sont
vrays ou s’ils sont faux ; Car, qu’est ce ie vous prie (disoit-elle)
tout ce qui est contenu dedãs tãt de Libelles
& tant de papiers moulez, sinon que ces beaux escriuasseurs
n’ont autre desseing que de drapper les plus
gens de bien, & de les traitter comme si c’estoient des
faquins.

 

Elle en vouloit bien dire dauantage, mesme en pleine
ruë, où tout le monde commençoit à s’amasser, si ie
ne luy eusse tiré sa quenoüille du costé pour la faire
entrer dans ma boutique, luy resserrant dans le bec ce
qu’elle auoit enuie de débagouler touchant l’honnesteté
de certaines personnes, qui pour les garder du
rheume & du cathare, on leur a mis sur la teste des bonnets
pesans comme vn Mortier.

Pour moy qui suis simple homme, & de la Parroisse
S. Innocent, Ie ne me mesle guere des affaires d’autruy,
& tout ce qui entre par vne de mes oreilles sort
par l’autre ; Ie iuge du bien ou du mal de la France, non
par ces Almanachs, ny par des discours forgez à plaisir,
mais seulement par ce que mes yeux en voyent, & ce
qui passe par mes mains.

Pourueu que ie voye la Vallée de Misere, & la ruë



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