d’ordinaire attaché aux grandes joyes, comme aux
extresmes douleurs, & estre tres raisonnable que
nostre voix nous manifestat les pensées de nos esprits,
qui n’en auront iamais de plus agreables,
que celles qui regardent Vostre Majesté, quelque
foibles fondement que nos fautes necessitées vous
en puissent auoir donné.

Il n’y a personne (SIRE) qui ne sçache que
c’est la Diuine Prouindence qui vous a esleu sur son
peuple, pour le commander, mais aussi pour le regir
& gouuerner, puisque vous deuez estre le modelle
sur lequel se doiuent former toutes leurs actions,
afin qu’elles soient conformes à vostre volonté, qui
doit estre aussi sincere & juste, que vostre successon
à la Couronne est naturelle & legitime, pour
estre son vray pere & tuteur. Vostre dignité quoy
que tres-haute & eminente le doit departir & converser
à tous voire mesme aux plus moindre de
vos sujets. Le Soleil creature de Dieu dans le cours
de sa visite vniuerselle, y procede auec vne si grande
esgalité & equité, que toutes les choses pour si
hautes & abjectes qu’elles soient, sentent l’effect de
sa charité ; la mesme bonté & le mesme soing vous
doit inciter à esclairer vostre pauure peuple & a
dissiper les nuages qui l’enuelopent depuis que vôtre
Majesté s’est eclipsée dans son plus beau lustre.

Vostre presence appaisera plus de seditions, &
r’ameinera plustost le peuple à l’obeyssance de Dieu,
& a l’obseruance des Loix, & du respect qui vous
est deub, que ne sçauroit jamais faire tont le bruict
de vos armes ? Qui aulieu de l’assembler ! le destruict,
& l’espouuante. SIRE, leuez le bandeau
qui vous offusque, & qui ne permet pas que vous
puissiez voir la verité, que dans vn faux iour, de
mesme que le zelle, & l’affection, de tous vos sujets,
qui ne souhaittent non tant que de vous voir