Anonyme [1649], LA VOIX DV PEVPLE DE PROVENCE, Contre les armes de Monsieur le Comte d’Alais. , françaisRéférence RIM : M0_4059. Cote locale : A_7_68.
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vous mesmes, & qu’on les employe pour commettre des
impietez & des sacrileges si execrables ? Permettrez-vous
qu’on en abuse en des vengeances si inhumaines ? & que
le pauure dont vous auez prins tant de soin, que vous recommandez
si estroitement comme vostre propre personne,
& que vous auez rachepté de vostre sang aussi
bien que les Princes, perisse sous le fais de tans de persecutions ?
Et cette voix qui s’esleue de la terre sera elle pas
portée iusques à vostre Throsne pour attirer sur les infracteurs
de vos loix les carreaux de vostre indignation.

 

Il le faut esperer, & cependent defendons nos biens
auec honneur, ne les abandonnons pas à la mercy de cette
multitude de voleurs, qui sous le nom d’vne armee du
Roy exercent vn vilain brigandage : Defendons la cause
commune, puis qu’il nous monstre que c’est à toute la
Prouince qu’il en veut : Nous en auions vne preuue litterale
par les demandes qu’il fit à Messieurs les Deputez
du Languedoc, dont il n’y en a pas vne seule qui ne regarde
l’interest du Corps du pays : Mais nous en auons à
present vne conuiction plus pressante par les effects de
ses armes, puis qu’il traicte auec tant d’inhumanité iusques
à ses hostes, & ceux qu’il appelle ses amis, & qu’il
rauage par tout indistinctement.

Ce n’est pas icy, Cher Peuple, vne querelle particuliere :
Ce n’est pas l’interest singulier d’aucune ville ny d’aucune
Compagnie, tout l’interest de cette guerre est public,
il touche toutes les villes & toute la Prouince esgalement.
Et neantmoins ô aueuglement estrange ! toutes
ne conspirent pas esgalement au salut de la cause publique :
Ouurez les yeux enfans qu’on a desbauchez d’vn
deuoir si naturel, reuenez à la voix de la Prouince vostre
Mere qui vous rappelle & vous demande secours.



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