Anonyme [1652], LA VOIX DE PEVPLE AV ROY, Pour la Paix Generale. , françaisRéférence RIM : M0_4058. Cote locale : B_16_4.
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pour le moindre refus où mauuais visage, ce qu’il à
receu de son Seigneur, ne seroit ce pas vne contrainte insuportable,
qu’il fallut que la Reine contenta de poinct
en poinct l’ambition du Cardinal, sans luy rien refuser.
Que c’est vn grand contentement que d’obliger vne personne
qui n’est pas ingrat, & que ces gens la auoient bonne
raison d’espandre des faueurs à pleine main sur Pirrhe,
parce qu’il s’en souuenoit, & recognoissoit les bien faits
qu’il auoit receus, n’en demandez pas de mesme au Cardinal
Mazarin, & ce n’est plus la mode de se ressouuenir
des seruices d’autruy, c’est galanterie d’oublier toutes les
obligations qu’on peut auoir à vne personne, ie ne m’estonne
pas aussi de la responce du Cardinal, quand vne
personne de condition, dont ie veux taire le nom, pour
espargner l’honneur dudit Cardinal, luy demandoit vn
iour recompense & salaire des peines & des trauaux qu’il
auoit souffert pour son seruice, où du moins de luy rembourser
l’argent qu’il auoit despensé à son occasion : il
luy fust respondu, que ce luy estoit grande gloire d’auoir
seruy son Eminence, & que cét hõneur remplassoit auec
vsure ce qu’il pourroit auoir déboursé pour sa conseruation !
ô la recompense digne d’vn grand Seigneur.

 

Reines miserables.

Recognoissance
de
Pirrhe.

Perille autrefois demandoit quelque argent au grand
Alexandre, pour marier ses filles, lequel luy fit donner à
l’heure mesme cinquante talens, & Perille luy disant que
c’estoit trop de la moytié : il luy respondit, si c’est trop à
prendre pour toy, ce n’est pas assez à donner pour moy :
aussi ie m’imagine que ceux que le Cardinal Mazarin recompense
de la sorte, quand ils le remercient d’vn tel salaire,
& quand ils luy disent que leurs seruices ont beaucoup
moins de merites, que ces imaginaires dons ont de
valeur & de prix, & qu’il n’en falloit pas tant, il leur fit
cette response, si c’est trop à prendre pour vous, ce n’est



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