Anonyme [1652], LA VOIX DE PEVPLE AV ROY, Pour la Paix Generale. , françaisRéférence RIM : M0_4058. Cote locale : B_16_4.
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monstroient assez clairement quels estoient nos desirs, &
quels nos esperances.

 

Ouy, SIRE, nous nous flattions, que durant vostre
regne, nous viurions dans l’abondance & exempts de
toutes miseres, & que nous serions dans vn estat où il n’y
auroit plus rien à desirer, sinon sa durée & la continuation.
Ie crois que nos espoirs ne seront pas steriles, &
quand vous regnerez vous mesme, pour lors regneront
les vertus, les felicitez, & la paix : Il ne se peut autrement,
puis que les presens que Dieu fait, sont tousiours heureux
& pacifiques.

Il vous a, SIRE, donné à la France pour son Roy,
pour son Protecteur, & pour son Pere nourricier : Il a
mis toutes ses puissances en vostre main, non pour obeïr
à vn Ministre, mais pour vous en seruir, & pour en soulager
les pauures miserables. En vain Dieu auroit fait des
Miracles à vostre Naissance, si ce n’estoit pour témoigner
que vostre vie seroit miraculeusement heureuse & illustre.
Iamais tels signes n’annoncerent l’arriuée au monde
de personnes mediocres, & de vertu commune & vulgaire.
Tout le monde sçait que celle du grand Cyrus a
esté declarée par la vision d’vne vigne, qui couuroit
toute l’Asie, estoit ce vn homme imparfait. Celle d’Alexandre,
par vn anneau, qui portoit la figure d’vn
Lyon, graué sur le sein de sa mere, estoit il de mediocre
valeur. Celle de Platon, fut declarée par le signe
melodieux, qui sortoit en songe du sein de Socrate,
estoit il de peu de merite. Celle de Ciceron, par vn esprit
qui aduertit sa nourrice, qu’elle allaitoit vn enfant qui
seroit vtil au public, & necessaire au Peuple ; n’estoit-ce
pas vn grand homme. Celle d’Auguste, par la voix des
Deuins, qui publierent au iour qu’il nasquit, que le monde
auoit vn Maistre ; n’estoit-il pas la generosité mesme.



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