Anonyme [1652], LA VOIX DE PEVPLE AV ROY, Pour la Paix Generale. , françaisRéférence RIM : M0_4058. Cote locale : B_16_4.
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que leurs seruiteurs auoient fait à leurs possessions, j’aduoüe
que ce sont des indiscrets, d’auoir esté crier Iustice à
ceux qui ne la firent iamais ? Quoy, SIRE, tascheront-ils
destaller à vos yeux leurs infortunes, ils n’iront pas loin
sans quelque coup de halbarde, & quelqu’vn de vos Officiers
gaignez par quelque pension de ces Tyrans, ne
manquera pas de massacrer l’esperance qui les flattoir,
d’vne Iustice fauorable, à grands coups de canne & de
pieds, de les faire sortir par l’espaule, & de les traisner dehors
s’il persistoient dans leurs demandes ; quel déreglement
dans vn Royaume, où le bon ordre & la bonne
conduite a coustume de regner autant que ses Roys, &
n’est ce pas vne chose estrange de voir que les battus
payent l’amande, que nous soyons contrains de leuer
les yeux pour enuisager des criminels assis dessus les grandeurs
& illustres des plus belles dignitez de cette Monarchie,
& que le vice triomphe à la veuë de tout l’Vniuers,
de toutes les vertus, & de toutes les qualitez les plus admirables.

 

Nous esperions, SIRE, quand vous tiendriez les
resnes de vostre Empire, respirer le zephir d’vn siecle d’or,
mais, helas ! il n’y en a plus : nous ne nous promettions
que joyes, que plaisirs, que bon heur, & que satisfactions :
Les feux allumez à vostre Naissance, à vostre retour
dans Paris, & à vostre Majorité, n’estoient que des
grossieres peintures de ceux qui brusloient nostre cœur de
vostre amour : La voix des canons n’estoient que pour
suppléer à la foiblesse de la nostre, & pour faire entendre
à tous, ce que nous ne pouuions dire qu’à plusieurs : Les
buchers allumez par toutes les ruës, faisoient aysément
voir que nous n’auions autre dessein, que de consumer
nostre vie dans l’ardeur de vous rendre seruice : & les
flambeaux qui faisoient de la nuict, vn iour fort agreable,



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