Anonyme [1652], LA VERITÉ PRONONÇANT SES ORACLES sans flatterie. I. Sur la Reyne: II. Sur le Roy. III. Sur le Duc d’Orleans: IV. Sur le P. de Condé. V. Sur le Parlement: VI. Sur le Duc de Beaufort. VII. Sur le Coadjuteur: VIII. Sur le Parlement de Pontoise. IX. Sur Paris: Et sur l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_3998. Cote locale : B_17_18.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 28 --

Le Coadjuteur est vn ambitieux, cela est constant :
C’est vn intrigueur, cela ne se contredit
point ; c’est vn hardy ; tout le monde en tombe d’accord :
c’est vn violent, personne n’en iuge autrement :
voila bien des qualitez qui sont incompatibles
auec la superiorite.

Mais, où dit-on qu’il aspire ? au Ministere d’Estat :
que fera t’il pour y arriuer ? tout : que faut-il
faire pour y arriuer ? il faut destruire tous ceux qui
s’y peuuent opposer : qui sont ceux qui s’y peuuent
opposer ? ceux qui ont desia ressenty les effets de la
puissance des fauoris ; & qui doiuent estre au dessus
par le merite de leurs vertus & de leur naissance :
c’est le Duc d’Orleans, c’est le Prince de Condé :
le premier n’est point à craindre, parce qu’outre
qu’il est trop bon, la proximité du throsne le met
à l’abry des violences : le second est redoutable,
parce qu’il est ambitieux, & qu’il est en estat de
craindre, ceux que la faueur fait approcher du
throsne pour y seruir de premiers Ministres.

Pourquoy est ce donc que le Coadjuteur a plus
estudié de s’attacher au Duc d’Orleans, qu’au
Prince de Cõdé ; puis que ce dernier est à craindre,
& que l’autre ne l’est plus à cause de sa trop grande
bonté la raison en est clairé : le Prince de Condé
ne veut point d’autre maistre que le Roy : le Coadjuteur
veut commander à tous ceux qui seront au
dessous du Roy : l’vn & l’autre visent à mesme but :
le premier par le merite de ses vertus & de sa naissance :
le second par les suggestions seules de son
ambition.



page précédent(e)

page suivant(e)