Anonyme [1652], LA VERITÉ PRONONÇANT SES ORACLES sans flatterie. I. Sur la Reyne: II. Sur le Roy. III. Sur le Duc d’Orleans: IV. Sur le P. de Condé. V. Sur le Parlement: VI. Sur le Duc de Beaufort. VII. Sur le Coadjuteur: VIII. Sur le Parlement de Pontoise. IX. Sur Paris: Et sur l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_3998. Cote locale : B_17_18.
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les autres : L’vn & l’autre est vray : Mais la Reyne
attaque, & le Prince se deffend : ainsi par diuers
motif les deux sont les deux causes de nos malheurs :
Il est question du restablissement de Mazarin,
la Reyne le veut, le Prince ne le veut pas : la
Reyne en cela, choque tout le peuple ; le Prince,
le fauorise. La Reyne neantmoins est resoluë de
r’auoir son Mazarin à quelque prix que ce soit : Elle
ne le peut sans perdre le Prince ; elle s’y resout :
Le Prince se retire, la Reyne le poursuit à main armée.
Voila nos troubles r’alumez.

 

Quelques vns ont dit que le Prince eut bien desorienté
la Reyne & tout son Conseil pretendu ; s’il
se fut retiré à Stenay, & s’il se fut contenté d’enuoyer
son frere à Bordeaux. Ie ne suis pas trop esloigné
de ce sentiment : Et ie pense que la Reine eust
fait dans cette conioncture comme l’Asne de Buridan,
qui mourut de faim entre deux boisseaux d’auoine
ne sçachant pour quel se determiner. Ie suis
bien asseuré que le Prince eut eu en moins d’vn mois
vne armée de vingt mil hommes, & que la Reyne
eut esté contrainte de respecter les Loix de l’Estat
qu’elle auoit enfreintes par l’establissement de son
beau Conseil. Le Roy n’eut pas esté obligé au voyage
de Gayenne, parce qu’il eut esté vn peu trop dangereux :
que les Politiques discourent là dessus, le
champ en est beau.

Bordeaux fut preferé par le Prince ; parce que
son dessein estoit de s’y retirer sans faire la guerre :
La necessité de sa deffense l’obligea d’armer : Cet
armement a soustenu toutes les forces de l’Estat
esclaues de Mazarin, pendant cinq ou six mois.



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