Anonyme [1652], LA VERITÉ PRONONÇANT SES ORACLES sans flatterie. I. Sur la Reyne: II. Sur le Roy. III. Sur le Duc d’Orleans: IV. Sur le P. de Condé. V. Sur le Parlement: VI. Sur le Duc de Beaufort. VII. Sur le Coadjuteur: VIII. Sur le Parlement de Pontoise. IX. Sur Paris: Et sur l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_3998. Cote locale : B_17_18.
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le Comte de Harcourt deuant Lerida ? N’a-t’elle pas
protesté qu’elle n’entreroit iamais dans Paris, que dans vn
vaisseau flottant sur le sang de ses citoyens. Ne luy a t’on
point veu donner ordre, chemin faisant, de ruiner le reste
des moissons, que la fureur des soldats auoit espargnées ?
Ne sçait-on pas qu’elle demande à ceux qui viennent de Paris
si elle peut encor esperer que la famine la vengera bien-tost
de cette grande Ville ? Bon Dieu qu’elles paroles, si elle
n’a fremy en les auançant, il faut bien qu’elle ait vn cœur à
l’épreuue de tout sentiment humain.

 

Elle a desia reüssi dans la plus part de ses intentions des
quatre parties de la France, les trois sont sur les dents : il
n’y a que Paris qui luy pese beaucoup sur les bras, parce
quil a encor vn peu de pain : Mais si nous ne nous reveillons
vn peu, il est à craindre qu’elle en viendra bien-tost à
bout.

Il en est bien encor de si sots dans cette ville de Paris, qui
demandent que le Roy vienne, & qu’il vienne mesme sans
cette condition qu’on luy prescriuoit il y a vn mois : Mais
ces bons simples ne sçauent pas que la Reyne nous veut préscrire
des conditions à son tour : Donnons-luy Monseigneur
le Duc d’Orleans, le Prince de Condé, le Duc de Beaufort,
& le reste des braues : Sacrifions-luy toute l’Elitte du
Parlement : faisons sortir auec le baston blanc nos meilleurs
Frondeurs, qui sont tous, ou nos voisins, ou nos
parens, ou nos amis : Et c’est lors qu’elle reuiendra dans Paris,
parce qu’ayant commencé d’assouuir sa soif dans le sang
de tous les genereux qu’elle craint, elle acheuera fort facilement
de l’assouuir dans celuy des laches qu’elle ne craint
point.

Et bien nous desirons que la Reyne reuienne : desirons plutost
la peste, & la venue de ce fleau de Dieu sera moins à craindre :
parlons plutost franchement ; mais parlons plus generalement
que les Princes.



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