Anonyme [1652], LA VERITÉ DE CE QVI S’EST passé à Paris en trois fascheuses rencontres. CONTRE LES IMPOSTVRES contenuës en la Lettre Mazarine, du Bourgeois desinteressé. AVEC LA RESPONSE A LA LETTRE escrite par le Cardinal Mazarin, sous le nom du Roy, au Parlement de Roüen. , françaisRéférence RIM : M0_3986. Cote locale : B_12_48.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 14 --

maudite iournée ne se trouuast iamais dans nos Annales, & qu’on detestast
ce que la licence du temps ose publier dãs la lettre furieuse de ce
parricide imposteur, qui voudroit sacrifier à la rage d’vn méchant
Estranger, les vies, les familles, & les palais des Princes du Sang
Royal de France, conseillant d’attaquer leurs personnes sacrées, &
leurs demeures, qui nous doiuent estre des Temples augustes, comme
elles sont nos asiles ?

 

Il faut que la furie soit bien enuenimée, lors qu’elle conseille ces
attentats, & presume que les Parisiens seront capables de les entreprendre,
ayans la connoissance & les témoignages des rares perfections
de Monseigneur le Duc d’Orleans, vray heritier de la bonté, de
la clemence, de la sagesse, & de la generosité de Henry le Grand, de
glorieuse memoire. Toutes les vertus de ce Prince incomparable reluisent
en ce fils, auec vn tel éclat, que nous pouuons dire, qu’il surmonte
en quelque façon celuy de son pere, qui fit paroistre les quatre
qualitez que nous auons marquées, pour arracher son Royaume des
mains de ceux qui le vouloient vsurper ; là où son fils ne combat que
pour conseruer au Roy son nepueu la Couronne, qu’vn Estranger
qui l’a entre ses mains, met en pieces ; ne tenant point à ce meschant
fol, que la Monarchie ne se dissipe, par l’abus qu’il fait de l’authorité
Royale, qu’il ne sçait ny appliquer, ny mesnager, ignorant d’où elle
vient, & iusqu’où elle va, croyant qu’elle ne subsiste, qu’en retenant
celuy qui l’a deshonore, & la perd.

Voyons au contraire, & examinons sans passion ce que Monseigneur
le Duc d’Orleans a fait, pour la soustenir durant sa plus grande
foiblesse, qui est tousiours dans la minorité des Roys. N’est ce pas
ce Prince qui est allé au deuant de tout ce qui la pouuoit choquer,
iusques à couurir, à excuser, & reparer les fautes du Cardinal Mazarin :
ce que son Altesse Royale entreprenoit pour maintenir en paix le dedans
du Royaume, pour cacher aux Estrangers nos deffauts, & aussi
pour témoigner le grand respect qu’il auoit pour la Reyne, ne s’estant
iamais opposé à ses inclinations, que lors qu’il a veu que le C. M. en
abusoit, iusques à les faire seruir à la ruïne de l’Estat.

Que n’a fait aussi Monseigneur le Duc d’Orleans, pour la gloire
de la France, ayant executé auec le courage & prudence digne d’vn
homme, ce que le C. M. concluoit auec la precipitation, & temerité
d’vn enfant. A qui deuons-nous qu’à son Altesse Royale toutes ces
belles conquestes, que le retour du C. M. nous a fait perdre en Flandres ?
A quiserions-nous obligez de la paix generale, qu’à son Altesse
Royale, si les interests du C. M. ne l’eût empeschée ? Qui auroit soulagé



page précédent(e)

page suivant(e)