Anonyme [1652], LA VERITÉ DE CE QVI S’EST passé à Paris en trois fascheuses rencontres. CONTRE LES IMPOSTVRES contenuës en la Lettre Mazarine, du Bourgeois desinteressé. AVEC LA RESPONSE A LA LETTRE escrite par le Cardinal Mazarin, sous le nom du Roy, au Parlement de Roüen. , françaisRéférence RIM : M0_3986. Cote locale : B_12_48.
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Le Bourgeois nous raille grossierement, en nous disant, que nous
auons crû, que le Cardinal Mazarin auoit fait mesler de l’arsenic
dans du pain ; nous croyons plustost qu’il a voulu empoisonner les
esprits, en leur persuadant qu’il estoit capable de quelque compassion
pour nos corps, qu’il a voulu faire perir deux fois, par le
plus cruel de tous les supplices, qui est la faim.

 

Seconde calomnie
refutée.

Il est vray que deuant le Blocus de Paris en l’année 1649. il auoit
eü dessein d’abreger les supplices ausquels il nous destinoit, par le
plus impie, & plus barbare de tous les attentats ; ayant approuué
les propositions detestables d’vn enragé, qui luy suggera ; que pour
mettre Paris dans vne derniere confusion durant le sainct Sacrifice
de la Messe de Mynuict, qui nous represente le plus Auguste, &
le plus agreable des mysteres Chrestiens, il se falloit resoudre de
ietter dans toutes les Eglises des Grenades, qui estropiroient, ou
dissiperoient les assistans, & embrazeroient les Autels ; & qu’au
mesme temps que toutes les Maisons de Dieu seroient en feu,
on le porteroit dans deux ou trois cens Logis de Bourgeois en diuers
quartiers : que dans ce bouleuersement, trois mille hommes
cachez dans l’Arcenal se saisiroient de l’Isle de Nostre-Dame, qu’ils
y conduiroient tous les Canons, qu on les déchargeroit sur la Ville,
sur la Cité, sur l’Vniuersité, & sur les Ponts : Que dans la consternation
generale, & desordre vniuersel, on se saisiroit aisément de
tous ceux qu’on vouloit perdre, & que c’estoit le seul moyen
pour rendre le Roy absolu : ce qui est vray, en la maniere que le
Cardinal Mazarin conçoit la Monarchie ; mais on laisse à iuger, si
c’est la Ciuile, la Françoise, & la Tres-Chrestienne. Cette proposition
diabolique eût esté suiuie, si vne personne que nous ne
nommerons pas, ne l’eût destournée.

Le C. M. qui s’est repenty plusieurs fois, de ne l’auoir point
executée, a tâché depuis d’y reuenir ; & quoy que nous puisse
dire son corrompu discoureur déguisé en Bourgeois desinteressé, ce
qui se passa le second de ce mois, nous plongeoit dans vn pareil
abysme, s’il eût reussi aux entrepreneurs : Vn President qui n’est
pas tenu pour homme bien discret, & qui a quitté sa Compagnie
pour chercher le mépris, qu’il a trouué dans la Cour, descouurit
à plusieurs personnes deux iours deuant le combat arriué dans
le Fanx-bourg saint Antoine : que le C. Mazarin trauailloit pour
ses rendre Maistre de Paris, où il feroit vne cruelle Boucherie de
ses ennemis : qu’il estoit asseuré de trois Portes de la Ville, des postes
du Louure, de l’Arsenal, de sainct Martin, du Temple & de l Isle



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