Anonyme [1650 [?]], LA VERITÉ DANS SA NAÏVETÉ, OV DISCOVRS VERITABLE sur la Vie du Prince de Condé : auec ses justes plaintes au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3985. Cote locale : A_9_22.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 5 --

de France, contre les contagieuses extrauagances d’vn
Espagnol, qui ne peut veritablement dire auoir iamais eu
vn bon sentiment pour la France.

 

Puis donc, MESSIEVRS, que tout le monde a esté
participant du seruice que i’ay eu l’honneur de rendre à
l’Estat, & que d’entre tant de millions d’ames il n’y en a
pas eu vne assez recognoissante ou assez charitable pour
demander ma iustification contre les impostures du Cardinal
Mazarin. Et puis que cét ingrat me veut tenir dans les
fers comme criminel, quoy qu’à bien considerer il luy soit
impossible de me rendre suspect, voulant dans les horribles
peines que ie souffre faire voir aux moins clair-voyants
l’iniustice & le tort que l’on me fait, vous ne deuez pas
trouuer mauuais, si en faisant pour ce sujet vne succincte
& veritable relation de toute ma vie, j’espluche exactement
toutes mes actions en particulier, pour faire cognoistre
à tout le monde, s’il y a lieu de blasmer ma fidelité.

Tous ceux qui se sont rencontrez à la bataille de Rocroy,
à la prise de Thiumuille, à l’attaque & conqueste de
toute la Bauiere, à Fribourg, à l’entiere desroute d’vne
autre armée Bauaroise à Norlingue, à la reduction de
Vorms, à l’oppression de Spire, à la soumission de Landau,
Oppenhein, Mayence, & à celle de plusieurs autres Villes
le long de la coste du Rhin. Ceux, dis-je, qui furent à cette
belle conqueste de Philisbourg, & dans la Flandre à celle
de Bergue, Furne, Bourbourg, Dunkerque, Courtray,
Ypre, & à cette grande bataille de Lens, peuuent publier
hautement deuant tout le monde, si les iniures calomnieuses
que ce Ministre estranger m’impose sont des choses
qu’en bonne Iustice la France doiue approuuer ; puis que
toutes mes actions peuuent estre si bien cogneuës à ceux
qui en doiuent estre les Iuges, & puis qu’ils sçauent bien
dans leurs consciences, que si j’auois eu le dessein de m’agrandir
comme l’on m’accuse, ils m’en ont fait naistre de
si bonnes occasions, qu’il est impossible d’en rencontrer de



page précédent(e)

page suivant(e)