Anonyme [1650 [?]], LA VERITÉ DANS SA NAÏVETÉ, OV DISCOVRS VERITABLE sur la Vie du Prince de Condé : auec ses justes plaintes au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3985. Cote locale : A_9_22.
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Monsieur le Duc d’Orleans l’a creu, la Reyne en a esté
persuadée, & pour dire plus vray, tous deux m’ont commandé
absolument d’en agir comme i’ay fait. En leur
obeïssant i’ay tesmoigué la fidelité que i’auois pour le seruice
du Roy, les interests duquel l’on me donnoit à deffendre ;
& c’est par ce moyen que i’ay esté trahi, en me faisant
commettre vne faute sous de beaux pretextes.

 

Ie sçay que ce seul motif ioint à la guerre de Paris, sont
les deux sujets pour lesquels les peuples ont souffert cette
iniustice en mon endroit ; ie sçay que ce sont les seules raisons
pour lesquelles les Bourgeois ont veu auec plaisir ce
qu’ils eussent desploré vn autre temps : ie sçay enfin qu’ils
ont aydé à executer ce qu’ils eussent empesché apres la bataille
de Lens : mais qu’ils considerent que la Reyne me l’a
commandé, qu’ils iugent que i’estois sujet, & par consequent
obligé d’obeïr. Ie sçay bien qu’ils ne me blasment
que pour auoir esté trop attaché aux interests de la Reyne :
mais sa Majesté ne deuroit pas bastir là dessus le monument
de trois miserables Princes, qui ne se sont acquis la haine
des peuples, que pour l’auoir fidellement seruie.

MESSIEVRS, apres auoit espluché ma conscience le
plus exactement qu’il m’a esté possible, ie ne sçaurois trouuer
que l’esprit du Prince de Condé ait esté si lasche, qu’il
ait peu iamais consentir à vne action qui repugne au deuoir
du bon & fidelle sujet du Roy : quoy que j’auouë veritablement
que i’ay tres-mal agi contre vostre Ville, dont ie me
rends coupable moy-mesme, vous protestant qu’vne prison
bien plus rude que ie ne la souffre maintenant me sembleroit
trop douce, si j’estois obligé de la subir pour la punition
de la faute que ie viens de commettre en vostre endroit ;
Ie dis que toutes les peines les plus cruelles que tous
les plus barbares des hommes ait iamais peu inuenter, me
seruiroient d’aymables delices, si par elles ie pouuois lauer
le crime que i’ay commis contre Paris. Enfin si tous les supplices
du monde les plus seueres pouuoient me rendre



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