Anonyme [1652 [?]], LA VERITÉ CONTINVANT DE PRONONCER SES ORACLES SANS FLATTERIE, I. Sur Mademoiselle. II. Sur le premier President. III. Sur le Marquis de Chasteau-neuf. IIII. Sur la Duchesse de Chevreuse. V. Sur le Comte de Harcourt. VI. Sur le Mareschal de Turenne. VII. Sur le Comte de Seruient. VIII. Sur le Conseil d’Espagne. IX. Sur le Conseil du Roy. X. Et sur Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_3998. Cote locale : B_17_19.
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attendre que des seditions, puis que les Bandits
sont dans le maniment des affaires ? que peut-on esperer
que des brigandages, puis que des Parricides sont
aux oreilles de sa Maiesté ? que peut-on esperer que
des Conseils qui le destruiront, puis que les ressorts
du Conseil ne sont maniez que par des mains ignorantes ?
que peut-on se promettre que des mouuemens irreguliers ?
Enfin puis que la femme est la maistresse,
que peut-on esperer qu’vne conduite de femme.

 

Le Cardinal Mazarin.

Tout le monde accuse le Mazarin : ceux mesme
qui sont dans son party le detestent en leur ame : Il est
coupable de tout dans la creance publique ; mais le
mal est que ceux qui le condamnent ne sçauroient dire
pourquoy. Il faut que i’entreprenne sa deffence,
& que sans le iustifier ie le soustienne :

On ne peut l’accuser que de n’auoir pas bien ménagé
le dessein qu’il auoit d’establir sa fortune : parce
que s’il l’eut establie comme il faut, il eût esté le plus
fort ; s’il eût esté le plus fort, il n’en eut point esté
d’assez hardy pour l’accuser, ainsi on ne l’accuse que
d’auoir manqué d’esprit : Est-ce vn defaut qu’on puisse
corriger ?

Il a volé, dit-on, des millions, il a pillé tout l’Estat,
il s’est enrichy à nos despens : il n’a rien fait que ce
que tout autre eust voulu faire s’il eust esté en sa place.
Ceux qui briguent le commandement & qui cherchent
vn chemin aux grandeurs, ne sont trauaillez
que de la passion de s’enrichir. Sans cette mesme



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