Anonyme [1652 [?]], LA VERITÉ CONTINVANT DE PRONONCER SES ORACLES SANS FLATTERIE, I. Sur Mademoiselle. II. Sur le premier President. III. Sur le Marquis de Chasteau-neuf. IIII. Sur la Duchesse de Chevreuse. V. Sur le Comte de Harcourt. VI. Sur le Mareschal de Turenne. VII. Sur le Comte de Seruient. VIII. Sur le Conseil d’Espagne. IX. Sur le Conseil du Roy. X. Et sur Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_3998. Cote locale : B_17_19.
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LA VERITÉ
Continuant de prononcer ses Oracles sans
flatterie.

MADEMOISELLE.

I’AY commençay la premiere partie
par vne femme ; ie commence la seconde
par vne fille : Mais qu’il y a bien
de la difference entre cette femme &
cette fille ? L’vne n’a soif que de nostre
sang ; L’autre n’est alterée que du desir
de nous le conseruer : La premiere
veut ruiner l’Estat ; La seconde le veut sauuer : La femme
est en butte à la haine publique : La fille possede
toutes les tendresses des Peuples : Celle-là ne pardonne ;
Celle-cy ne se vange jamais : La Reyne est dans le
decry, Madmoiselle est en possession de toute la Purese
d’vne haute reputation. Enfin la Reyne est Espagnole ;
& Madmoiselle est Françoise ; c’est tout dire, pour
faire conceuoir que l’vne vaut beaucoup, & que l’autre
n’est pas de grand prix.

Mais en qu’elle posture est Madmoiselle dans l’esprit
de la Reyne ? Elle y est en la mesme posture, en laquelle
la Reyne est dans nos esprits : Madmoiselle empesche
le repos de la Reyne, parce qu’elle est trop genereuse ;
La Reyne trouble le nostre, parce que nous ne
sommes pas asses lâches : La Reyne n’ayme point Madmoiselle,
parce que Madmoiselle ne veut point aymer
sa conduitte ; la Reyne haït les Peuples, parce que les



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