Anonyme [1652 [?]], LA VERITÉ CONTINVANT DE PRONONCER SES ORACLES SANS FLATTERIE, I. Sur Mademoiselle. II. Sur le premier President. III. Sur le Marquis de Chasteau-neuf. IIII. Sur la Duchesse de Chevreuse. V. Sur le Comte de Harcourt. VI. Sur le Mareschal de Turenne. VII. Sur le Comte de Seruient. VIII. Sur le Conseil d’Espagne. IX. Sur le Conseil du Roy. X. Et sur Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_3998. Cote locale : B_17_19.
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Dequoy est-ce, donc que le Prince de Condé
estoit obligé au Premier President ? Chacun en parle
selon ses caprices : Parlons-en selon la raison. Le
Premier President ne seruoit le Prince que parce que
tous les autres estoient premierement complaisants
au dessein qu’il auoit de le seruir : Le Prince n’est
donc obligé au Premier President que de ce que le
Premier President a fait ; en seruant le Prince, de
necessité vertu. Quand ie veux seruir, ie ne regarde
pas si les autres sont de mon aduis, mais ie tasche de
les y attirer : l’auance ma voix pour seruir de planche
à ceux qui demandent vn exemple pour agir : ie ne
veux pas me compasser au iugement des autres,
mais ie veux que les autres se reglent à mon iugement :
Il m’importe fort peu que les autres mé choquent,
pourueu que la raison & la generosité mefauorisent.

Lors que les Cardinaux Baronius & Bellarmin
donnerent leurs voix au feu Cardinal de la Roche-foucault,
pour la Papauté ; ils sçauoient bien
qu’elles seroient mutiles, parce que ce sainct Cardinal
estoit François : mais ils respondirent aussi qu’ils
ne donnoient leur suffrage qu’à la vertu. Cette Politique
est inconnuë au Premier President : il ne fait
pas ce qu’il faut faire, mais ce qu’il est asseuré de saire :
sa politique n’est auantageuse qu’à luy. Et pour
conclure en vn mot, il s’aime.

Retournons aux Sceaux ; qu’a t’il fait pour les t’auoir ?
Il s’est rendu complaisant à toutes les passions
de la Reyne : il a choqué celuy qu’il voyoit estre
choqué par ceux qui pouuoient les luy redonner : Il
a crié hautement contre luy, pour faire entendre
qu’il ne demandoit que ce qu’il ne luy auoit point



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