Anonyme [1652], HARANGVE DV ROY, FAITE A TOVS SES PEVPLES SVR SON RETOVR EN SA BONNE VILLE DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_1561. Cote locale : B_1_26.
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Au contraire, bien loin de me porter à cela, i’ay cherché
tous les moyens possibles pour vous soulager, & pour
vous donner la paix generale que ie vous aurois infailliblement
desia donnée, si l’on ne s’estoit pas rebellé contre
moy, & si par ce moyen là ne m’eut pas empesché de la
faire tres-aduantageuse pour la France.

L’on ne me sçauroit encores jusques icy conuaincre d’auoir
banny, ny confisqué les biens, ny mesme, condamné
à mort qui que ce soit, quoy que l’on m’en ayt donné
tous les sujets du monde. Et bien loin de ce faire, i’ay toûjours
tâché d’auoir mes ennemis par la douceur, en leur
faisant de grands biens, & en les esleuant vn peu plus qu’il
ne falloit pas, à des dignitez desquelles ils se sont seruis
puis apres pour perdre tous mes Estats, & pour ruiner tous
mes affaires. Et comme ie sçay que les subjets se doiuent
conformer aux mœur de leur Prince, i’ay tousiours fait
tout ce qu’il m’a esté possible pour leur seruir d’exemple.
Mais inutilement comme vous ne le sçauez pas que trop à
vos despens & à mon desplaisir, tant ie suis touché de la
misere où ie voy que leur sedition vous a reduits tous ensemble.

Vous sçauez bien que les Roys ont pouuoir de faire
ce qui leur plaist, sans qu’ils soient obligez d’en rendre
compte qu’à Dieu, & neantmoins vous sçauez bien
aussi que ie ne laisse pas de viure en vne âge où l’on void
communément les jeunes Souuerains comme moy assez
malretenus, ainsi que ie voudrois qu’vn Prince vescut auec
moy, si Dieu & la Nature m’auoit soumis à sa puissance.

C’est pourquoy vous ne deuez pas faire aucune difficulté
de vous soumettre à l’estat ou vous auez esté appellez,
si vous ne desirez pas encore faire plus mal vos affaires.

Ne mesprisez donc pas ny mes aduis ny mes commandemens,
de quelque nature qu’ils puissent estre : car tout le
Corps de l’Estat va selon que le reste de ses autres parties
sont ou bien ou mal ordonnées.

Il vous faut estre necessairement aussi soigneux de mes
affaires, que vous le sçauriez estre des vostres, & porter



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