Anonyme [1652], DISCOVRS POLITIQVE, Sur le tord que le Roy faict à son Authorité, en ne faisant point executer les Declarations contre le Cardinal Mazarin, & l’aduantage que cella donne à ses Subjets. , français, latinRéférence RIM : M0_1136. Cote locale : B_20_23.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 4 --

est celuy-là, bannir de la France & du Throsne des
Fleurs de Lys la franchise, la sincerité, & la bonne-foy,
pour r’appeller vn chetif Estranger banny pour iamais ?
Les Sçauants disent qu’ils n’ont rien leu de pareil dans
nostre Histoire : les Politiques prononcent que c’est
vne affaire de dangereuse consequence ; & tous les
François sont en transe voyant reuenir de l’exil l’ennemy
de l’Estat, (declaré tel par la voix de la Iustice
de tous les Parlemens) auec des troupes estrangeres,
& le titre de Generalissime des armées du Roy. Ie
laisse à vn chacun à faire diuerses reflexions particulieres
sur ce point de la fortune publique ; & presente
les miennes à la France, que ie croy deuoir estre iugées
les plus à propos, & les plus importantes, par
ceux qui prendront la peine de les peser.

 

La premier que i’auance, c’est que la teste des
Roys n’est pas tousiours le veritable soûtient des Couronnes :
Ce poids Auguste a des fondemens bien plus
fermes & plus solides ; ie veux dire que la naissance &
le droict hereditaire portent bien vn Roy sur le Throsne ;
mais ne l’y maintiennent pas tousiours. Sans aller
plus loin, nostre Histoire nous fournit vn exẽple confirmatif,
quand elle nous represente Childeric III. du nõ,
dernier Roy Merouingien, depoüillé de la Royauté par
les Estats assemblés à Soissons, qui luy ferrẽt changer la
Courõne des Fleurs de Lys en celle de Moine ; l’ayant
à raison de son incapacité au gouuernement, cloistré,
& relegué dans la Bauiere. C est donc la vertu & les
bonnes-mœurs qui affermissent & serrent la Courõne
sur la teste des Souuerains, au defaut dequoy il est



page précédent(e)

page suivant(e)