Morgues, Mathieu de [?] [[s. d.]], BONS ADVIS SVR PLVSIEVRS MAVVAIS ADVIS. , françaisRéférence RIM : M0_594. Cote locale : A_9_13.
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rendre les vies de plus de dix mille Gentilshommes,
& de cent mille soldats, auec l’employ de plus de
cinq cens millions inutiles ; pour nous contraindre à
restituer auec honte ce que nous auons emporté auec
gloire, pour la quelle ils ont eux-mesmes exposé leurs
vies.

 

Ils pretendent aussi de se rendre seuls arbitres d’vn
differend qui n’a pû estre terminé, par les Ambassadeuts
de plusieurs Princes, & republiques ; & ils s’imaginent
qu’auec leur espée ils couperont ce lacet
Gordien, que beaucoup d’hommes sages n’ont sceu
dénoüer. Ils ont par aduance vendu & liuré Stenay à
l’Espagne, à laquelle ils promettent tout le reste de
nos conquestes, pourueu qu’elle les assiste d’argent,
& d’hommes, & marche auec ses armées à la destruction
des pays de nostre Roy, qu’ils desirent d’obliger
à vn accommodement preiudiciable, & infame.
Nous laissons à penser si la generosité de nostre nation
peut approuuer cette lascheté ; & si la seconde
condition doit estre soufferte. A sçauoir, que Monsieur
le Prince tienne sa liberté d’vn ennemy, qu’il a
défait deux fois en bataille rangée, & a dépoüillé de
quelques places ; les Espagnols ayant promis, & iuré ;
qu’ils n’escouteront iamais aucune proposition d’accommodement,
que ce Prince n’en soit l’entremeteur.
Ainsi les Espagnols auroient l’obligation à des
François pour les villes, qui leur seroient renduës, &
les François auroient l’obligation aux Espagnols de
la deliurance de leurs Princes Ainsi ceux-là seroient
à iamais suspects de fauoriser ceux, qui les auroient



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