Mirand,? de [1649], LA ROBBE SANGLANTE DE IVLES MAZARIN. Ou les veritables recits des fourbes, des impostures & autres vices. Par le sieur de MIRAND, Gentilhomme Cicilien. , françaisRéférence RIM : M0_3554. Cote locale : A_8_66.
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vray que comme ie considere la banqueroutte de Leony :
car on sçait que ce miserable n’a fait que prester le nom,
& seruir d’instrument à la furieuse auarice du Cardinal. Il
me semble voir Pisarre dans le Peru, quand il fit mourir
le Roy Attabalipa son prisonnier, pour ne luy donner pas
assez tost la rançon qu’il luy auoit promise, veu que non
content d’attendre les impositions, les tailles & autres subsides
extraordinaires, qui montent les cent millions, somme
capable de souler les Crasses & les Nerons, il se sert des
moyens qui auparauant auoient esté inconnus à l’auarice,
mesme ses rapines ne s’arrestent pas dans les villes ny dans
les maisons des Banquiers, elles vont aux champs pour
voller iusques au pain des munitions des gens de guerre,
ayant plus fait mourir des soldats en deux campagnes,
que la peste ny le fer n’en sçauroient auoir rauagé depuis le
commencement des guerres : & c’est vne chose tres assurée,
que de vingt quatre ou tant de mille hommes qu’il y auoit
au siege de Cremone, il n’en est pas reuenu six mille, encore
si defaits de la fatigue mais plus de la necessité, que ie
connois des Capitaines des mieux faits auoir esté traittez
de gueux, par des gens de leur connoissance, tant
ils estoient changez ; ne croyez pas que Mazarin soit le
seul qui croit auoir droit de venir querir les richesses des
Gaules, i’ay veu venir des trouppes d’Italiens, qui comme
de griphons de Schytie, & formis de Iroglodites disoient
franchement parmy eux, qu’ils venoient pour se charger
d’or, & repeter l’argent qu’autrefois leurs ayeuls donnerent
aux Gaulois, pour oster le siege de deuant le Capitole :
I’oubliois à dire vne verité qui est assez commune, &
dont tous les Maistres des postes peuuent estre veritables
tesmoins, qu’il n’y a pas six mois qu’il passa vne douzaine
de Courriers consecutiuement auec des malles remplies


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