M. B. J. V. D. R. D. L. P. P. T. [1652], EXAMEN DES PARALELLES FAITS PAR VN EXCELLENT PREDICATEVR Entre Dauid & le Cardinal Mazarin, ou pour mieux dire, entre le Traistre Campobasso Italien, auec le mesme Mazarin. Au iugement du Lecteur. Par M. B. I. V. D. R. D. L. P. P. T. , françaisRéférence RIM : M0_1319. Cote locale : B_13_18.
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passez sont plusieurs ans, & nayant trouué aucune chose en luy depuis qu’il est
fuy vers moy. Mais les Princes des Philistins se sont courroucez contre luy, &
ont dit que l’homme sen retourne, & qu’il ne descende point auec nous à la Bataille
affin qu’il ne soit fait nostre aduersaire & Achis respondant, dit à
Dauid. Ie sçay que tu es bon à mes yeux comme l’Ange de Dieu. Mais les
Princes des Philistins ont dit il ne sera point auec nous en la Bataille, leue toy
donc le matin & ten va.

 

Si donc par ce recit le Roy Achis à deu acquiescer à ses Princes,
& si les Princes ont eu raison, le Mazarin n’est-il point iustement banny
par le commandement du Roy, ce qu’il auroit deu faire à la remostrance
des Princes de France, il y a longtemps ?

Les plus grands Rois de la terre ont tousiours acquiescé a la iuste
volonté de leurs Princes. Ils ont tousiours beaucoup mieux aimé
abandonner leurs fauoris que d’encourir la malueillance de leurs
Princes. Les Princes sont les bras qui bataillent pour eux & pour
la conseruation de la patrie. Darius empereur des Medes & Persans
encore qu’il fut bon & excellent Prince, fut neantmoins contraint
suiuant les lois des Persans & Medes d’accorder ce que les Princes
luy demanderent encore que malicieusement & par l’enuie qu’ils
portoient à Daniel le Prophete, que le Roy auoit fait le premier des
Princes naturels du Royaume, Dan. 6. v. 7. Tous les Princes de ton
Royaume ont pris conseil auec tous les Magistrats, Preuosts, Senateurs, &
Iuges que l’Edit du Roy ne seroit change. Quand les loix sont vne fois
establies & qu’elles sont receuës en vn Estat, il n’est plus loisible à
personne de les transgresser, principalement quand elles sont fondamentalles.
Le Prince mesme, qui les a fait publier par Edict y est suiet,
& les doit faire executer.

Or si les Monarques encore que Payens ont eu raison de conseruer
leurs loix & coustumes pour garantir leurs Estats de diuision & de ruine,
que ne doiuent point faire les Princes Chrestiens ?
Que s’ils nont point pardonné à leurs plus fidels & plus exempts
de crimes pour le bien public, que n’a point deu faire le Roy contre
celuy que toute la France iuge coupable de tous les maux & de tous
les crimes qui ont osté cõmis en Frãce depuis la mort du Roy Louis ?

Si le Cardinal Mazarin auoit esté digne de la qualité qu’il porte,
il deuoit dire auec le Prophete Ionas, prenez moy & me iettez en la
Mer, & la Mer s’appaisera vers vous. Car ie connois que à cause de moy
cette grande tempeste est venuë. Dieu auoit commandé a Ionas d’aller à
Niniue pour y prescher la Penitẽce, qui aulieu d’accepter cette charge
& de correspondre à la vocation de Dieu, il fuit & print le chemin



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