Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.
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Pere eussent cõmis vne extréme irreuerence de ne me pas honorer ?

 

L. G. Et qui les obligeoit à ce respect, SIRE ?

L. R. Les Loix de l’Estat, comme ie croy.

L. G. Et apres la mort du Roy, qui fut cause de cette acclamation
publique en vótre faveur, & de ce concours vniversel de touvos
Sujets, pour vous faire le serment de fidelité ?

L. R. Ce furent aussi les Loix de l’Estat.

L. G. Qui fut cause encores que dans toute l’estenduë de vótre
Royaume, il n’y eut pas vn seul homme qui ne vous reconnust volontairement
pour son Roy, sans vous avoir jamais veu ? Qu’on ne
se soit point apperceu dans les affaires qu’il y ait eu d’inter-regne,
ny de surseance en l’Estat, d’aucune expedition de guerre, ny de
Iustice ?

L. R. Ce furent encore les Loix de l’Estat.

L. G. Il est vray, SIRE, que ce furent les Loix de l’Estat ; mais
d’où leur peut venir cette force & cette majesté, d’inspirer en vn
moment dans vn million d’ames, vn consentement si vniforme
d’obeïr à vn Roy mineur, & qu’il semble qu’vn chacun de vos Sujets
en son particulier, ait eu vn Heraut interieur pour luy faire ce
commandement ?

L. R. Ce que vous me dites est digne de consideration, & merite
bien qu’on en rechercher la cause.

L. G. SIRE, Elle est toute trouuée, c’est vn effet de la Religion
dont la lumiere agit dans nos ames, avec la mesme actiuité que celle
du Soleil dans nos yeux ; & la mesme Religion qui nous apprend
l’adoration de Dieu, sans le voir, nous commande l’obeïssance
d’vn Roy, qui est icy bas son Image, sans le connoistre. C’est par
elle en effet que subsistent les Loix fondamentales de vótre Estat,
& le seul respect qu’on luy porte, fait le ralliement de toutes nos
volontez sous la puissance d’vn seul. Ainsi V. M. peut juger combien
elle est interessée au maintien du Saint Siege Apostolique, de
ses Cardinaux, & de tous les Ecclesiastiques de son Royaume, qui
sont les depositaires & les Ministres d’vne doctrine, qui sous vn
mesme devoir nous apprend à vous obeïr, & à craindre Dieu tout
ensemble. Sur tout elle doit prendre garde tres soigneusement,
qu’il n’arrive aucun trouble, ny aucune innovation dans l’Eglise.
Les siecles passez nous ont fait voir combien leur a esté funeste la
reformation pretenduë qu’on y voulut faire. En vn mot, qui fait



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