Duval, Jean [?] [1652], LE PARLEMENT BVRLESQVE DE PONTHOISE, CONTENANT LES NOMS de tous les Presidens & Conseillers Renegats qui composent ledit Parlement. Ensemble les Harangues burlesques faites par le pretendu premier President. , françaisRéférence RIM : M0_2701. Cote locale : C_12_38.
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Deslors qu’à Ponthoise ils seront
Tout Paris ils attireront
Ainsi la merueille accomplie
Sera t’elle pas bien jolie.
Et pour faire que cela soit
Ne faut qu’vn Arrest & l’exploict,
Cela comme l’ambre la paille,
Attirera cette canaille
Pour venir plaider deuant nous ;
Ca gens du Roy, qu’en dites vous ?
Treve à ce coup à l’escriture
Il faut verballement conclure.
FOVQVET, estant là tout à poinct,
Dit, moy ie ne l’empesche point.
Ce Fouquet se fait trop cognestre
Il n’a que Mazarin pour Maistre,
(Le diable le rende confus)
Ce fut le taxeur du blocus.

 

 


Cela fait, Fouquet se retire,
Radigue est là tout prest pour lire,
Il prend la Declaration
Qui porte la translation,
Met à ses nazeaux ses lunettes,
Et lit vn millier de sornettes,
Le Parlement elle interdit
(Pardieu o’est vn present Edict)
Fouquet encor vn coup on mande,
Il vient, il saluë, & demande
Que l’Edict soit enregistré
Et vostre Parlement chastré,
Les voix y vont & l’on l’ordonne,
Radigue en papier le griffonne,
Papier à mon sens fort meschant
Et tel que l’auoit le Marchand.

 

 


Ou fait outre cela deffense
A tous Greffiers, Clercs d’audience,
Aduocats Procureurs, Huissiers,
Porteurs de sacs & de dossiers,
De faire au Palais plaidoirie
N’y de payer espicerie,
Qu’aussi bien l’on n’y croira pas
Non plus qu à du papier broüillas.

 

 


Le sieur Fouquet plus auant passe,
Et veut tout à bon que l’on casse
Certaines taxes, que l’on dit
Que vostre Cour par Arrest fit,
En cela mesme on le contente
Et de payer on vous exempte.
Cela me fit croire à l’abord
Que c’estoit souuerain ressort
Y voyant les mesmes grimaces
Que l’on fait en semblables places.

 

 


Faites ouurir, premier Huissier,
Dit Molé, mais cét Officier,
Auec son beau bonnet d’hermine,
N’auoit point là porté sa mine,
Ny les Huissiers embaguettez
Ne s’estoient point là transportez.
Vn chetif Sergent de village
S’y rencontra pour tout potage.
Il ouure pourtant aussi-tost
L’on n’y prit congé ny deffaut,
Enfin iamais en audiance
On ne vid vn plus beau silence
Point de cause on ne rapporta
Dont ce beau Senat depita.

 

 


Deux asnes de fort bonne race
Dans le barreau prirent leur place
Et le plus habille d’entre eux
Qui stipuloit pour tous les deux
Demanda qu’on leur fit iustice,
Et qu’on reprimast la malice
De l’asnier, qui trop les flauboit
Et leur pitance desroboit.
La barbe à Dieu dans cette affaire
Prend les aduis & délibere,
S’assied, & dit sans se piquer
(L’Arrest est bon à remarquer)
Freres l’instance est criminelle,
Faut vous pouruoir à la Tournelle.
Ces asnes de ce Parlement
Firent ainsi l’acheuement
Faute de matiere l’on leue
Peu s’en faut que Mathieu n’en creue,
L’on sort, & le chef de ces veaux
Redeuient le Garde des Sçeaux
Le lendemain il se recharge
De la Presidentalle charge.

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