C. J. [signé] [1649], LA LETTRE D’VN SECRETAIRE DE S. INNOCENT A IVLES MAZARIN. , français, latinRéférence RIM : M0_1896. Cote locale : C_3_90.
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que de croire que vous ayez esté à cette extremité,
& lors que vous distes à Madame la Duchesse d’Aiguillon,
que vostre pere auoit emprunté douze mil liures
pour les funerailles de vostre frere le Prescheur, il me
souuient qu’elle vous fit response, qu’il valoit mieux que
l’on crust que vous auiez douze millions, que d’auoir esté
reduit à cette extremité d’emprunter vne si modique
somme, cela seroit-il bien possible que cela fust.

 

Si la coustume estoit en France de mettre les testes à
prix, où dormiriez-vous en seureté, y a t’il aucun de vos
valets en qui vous vous puissiez confier, vous les auez
si mal recompensez, qu’il n’y en a aucun qui ne s’efforçast
de l’auoir de cette sorte : Mais la France a des loix
bien plus douces ; ses formes ne se changent point, & le
Parlement veut que son Arrest soit executé. Le Duc de
Boüillon qui a tant souffert depuis qu’on luy promet de
liquider son affaire de Sedan : Monseigneur le Duc de
Beaufort apres vne prison si violente de tant d’années iniustement
passées au bois de Vincennes : le Mareschal de
la Motte, dont l’on ne peut assez admirer la vertu, apres
auoir receu vn si rude traitement de vostre Eminence, &
tant d’autres braues gens que vous auez consommez de
patience, en seront les executeurs, ils feront la perquisition
de vostre personne aux quatre coins & au melieu du
Royaume, & si vous les échappez, ie l’iray dire à Rome,
vous pensez estre en grande seureté, proche la personne
du Roy. Détrompe-vous ie vous prie, la France en l’estat
qu’elle est, a besoin d’vn autre Ministre, & le Roy
d’vne autre personne pour veiller à son education.

Combien auez-vous leurré de personnes de condition,
pour les engager au seruice de l’education de Monseigneur
Frere du Roy, ie m’en rappote à Mons. de Fontenay



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