Anonyme [1649], LE CHEVALIER CHRESTIEN PARLANT DES MISERES DV TEMPS, A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_696. Cote locale : E_1_122.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 20 --

de son Espargne, par les secrettes intelligences des Partisans,
& de leurs protecteurs. Les armes enfin, que nous
esprouuons sont des liurées à la deffence de l’authorité
Royale, vsurpée par le grand pouuoir des Ministres que
nous combattons. Ne vous laissez donc pas surprendre,
MADAME, à l’apparente conseruation d’vn phantosme
d’authorité, dont on designe à vos oreilles les veritables
traits par la perte de Paris, par le refus du Parlement, &
par les iustes desseins de nostre deffence. L’authorité
Royalle se maintient par le respect des peuples, par la grandeur
des tresors, & par la multitude de la Noblesse, & des
autres sujets d’vn Estat, où il est certain, que si on demeure
ferme dans vne resolution de ruiner Paris, ou de le reduire
par la force, & non pas par l’amour, on diminuë beaucoup
du respect, que nous deuons à nostre Monarque, & à vostre
propre personne, par ce que si les peuples ne s’irritent
pas contre leur Prince qui est trop bon, & trop
ieune pour leur faire du mal, toutes leurs coleres retombent
dessus Vostre Majesté, qui n’est pas, disent ils, assez
misericordieuse pour les soulager dedans leurs miseres. On
affoiblit extremement les tresors du Roy, parce que la
guerre qui subsiste soubs vostre nom, contre nostre Ville,
est vne lime sourde, qui consomme le bien de la France,
qui ruine nostre voisinage, par vne generalle destruction
de ses plus belles maisons de plaisance, & qui reduit nos
Paysans, à cet estat, de ne point payer de tailles de plus de
dix ans. L’on perd enfin, sans y penser, vne bonne partie
de vostre Noblesse, & ce sang illustre qui coule des veines
de nos Gentils hommes pousse sa voix iusques au throsne


page précédent(e)

page suivant(e)