Anonyme [1652], LA TRES-HVMBLE ET VERITABLE REMONSTRANCE DE NOSSEIGNEVRS DV PARLEMENT POVR L’ELOIGNEMENT DV CARDINAL MAZARIN. Presenté au Roy estant à Sully, Par Nosseigneurs les Deputez. , françaisRéférence RIM : M0_3808. Cote locale : B_12_62.
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mœurs de leurs Sujets, principalement de ceux qui ont
l’honneur de les approcher.

 

Ceux qui ont voulu dire que le Cardinal Mazarin
n’auoit point l’esprit porté à la cruauté, n’ont iamais
consideré, ny ce qu’il a fait pour entretenir les Guerres,
& empescher la Paix, ny la resolution qu’il prise
sans sujet, & de faire perir par la faim dans vostre bonne
Ville de Paris deux millions de personnes, ayant contraint
la capitale de vostre Royaume à prendre les armes
pour sa deffense naturelle, & pour chercher du pain,
ce qui donna à vos voisins vne tres-mauuaise impression
du Gouuernement de vostre Minorité, toute
l’Europe ayant sçeu que ce siege auoit esté entrepris par
l’indignation d’vn Estranger, qui vouloit faire finir par
le plus cruel de tous les fleaux de Dieu, les Bourgeois
de cette grande Ville.

Mais se falloit-il estonner si le Cardinal M. Estranger
n’auoit point de bien-veillance pour la France, dans
laquelle il ne s’estoit arresté que pour esleuer sa fortune
aux despens de vos Sujets, il les a traittés en barbares,
s’estant imaginé qu’il les auoit conquis, il s’est
seruy de l’industrie des Partisans, qui s’estans rendu ses
tributaires, gardoient pour vn temps ce qu’ils luy donnoient
pour le faire valoir, & luy rendre compte du
principal qui estoit grand, & de l’vsure qui estoit excessiue.
Ainsi Vostre Majesté souffroit vn double larrecin ;
& vostre pauure peuple qui payoit tout, estoit doublement
surchargé. Cét homme instruit par des mauuais
François contre la France, a continué cette infame trafic,
tant qu’il a esté en credit, ayant esté interrompu par
son absence : la passion des Partisans s’est imaginée
qu’on leur rauissoit ce qu’ils ne pouuoient plus dérober,
& d’estre portés à se rendre les plus ardens solliciteurs
du retour de leur Protecteur.



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