Anonyme [1652], LA TRES-HVMBLE ET VERITABLE REMONSTRANCE DE NOSSEIGNEVRS DV PARLEMENT POVR L’ELOIGNEMENT DV CARDINAL MAZARIN. Presenté au Roy estant à Sully, Par Nosseigneurs les Deputez. , françaisRéférence RIM : M0_3808. Cote locale : B_12_62.
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contre la personne du Prince, c’est la pratique
commune à tous les fauoris, de faire croire aux Roys
qu’on offence la personne de leurs Majestés, lors qu’on
attaque leurs Ministres.

 

Les artifices du C. Mazarin, & la connoissance que
nous auons du passé, nous fait croire qu’il n’en vsera
pas mieux, & ainsi qu’il rendra des mauuais Offices à
Monsieur le Duc d’Orleans, aux Princes du sang, à
vos Cours Soueraines, à vostre bonne ville de Paris, à
vos principaux Domestiques, à la Noblesse, à vos Officiers,
& à tous vos Peuples : Ce qui nourira Vostre Majesté
dans vne continuelle défiance de ses plus proches &
de ses plus fidels Seruiteurs, d’où viendront les ressentimens
des offences, & les apprehensions qui alterereront
le repos & la paix de vostre Estat. Ces malheurs
sont ineuitables, SIRE, si Vostre. Majesté ne renuoye
celuy qui ne peut estre dans le païs & terres de vostre
obeïssance, sans y porter le trouble par son humeur
entreprenante, qui s’efforcera tousiours de faire
croire à Vostre Majesté que les plaintes contre l’insolence
de sa fortune, sont des conspirations contre vostre
Estat.

Lors qu’il plaira à V. Majesté se faire instruire de
tout ce qui s’est passe durant vostre Minorité, elle trouuera
que ce n’est pas le Cardinal Mazarin qui a fait des
merueilles pour vous, mais que Dieu a fait des miracles
pour vous garantir des perils dans lesquels cét homme
peu sage auoit jetté vostre Personne, vostre authorité,
& tout vostre Royaume.

Il ne suffit pas que les Roys s’arrestent dans la consideration
des choses qui les touchent en particulier,
estans enuoyés de Dieu pour estre les Gouuerneurs &
& les peres des Peuples qui leur sont commis ; mais
ils sont obligés d’éloigner tout ce qui peut corrompre les



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