Anonyme [1651 [?]], LA SVITTE DV MANIFESTE DV CARDINAL MAZARIN LAISSÉ A TOVS LES FRANCOIS auant sa sortie hors du Royaume. Confessant les motifs & les moyens qu’il a tenus pour s’agrandir. Exposant au vray tous les monopoles qu’il a brassé contre la Maison de Condé, & les intrigues qu’il a fait ioüer pour perdre le Comte d’Alais. Respondant à la temerité des entreprises qu’on luy impute. Déguisant ses fourbes en general par des pretextes d’Estat. Iustifiant les Simonies, les trocs, les permutations illicites, & les Retentions criminelles des pensions sur les benefices Ecclesiastiques. Déduisant les raisons qu’il a eu de disposer des gouuernements en faueur de ses creatures, & faisant voir les maximes necessaires à vn homme de peu pour s’esleuer & pour se soustenir dans les grandeurs. Ecce morituri vera hæc sunt verba Ministri Clau. in Eut. lib. 1. , françaisRéférence RIM : M0_2390. Cote locale : C_11_5.
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& déguizé dans Paris ; qui me fit enfin
consentir apres beaucoup de poursuittes, sur la
promesse de quatre millions qu’il me fit toucher
auant le remuëment, au dessein de causer quelque
grand sousleuement dans l’Estat, afin que
cependant que la France seroit occupée à calmer
ses troubles que ie deuois tousiours irriter de plus
en plus ; ils eussent plus d’asseurance de se defaire
de leur Prince souuerain, & d’affermir d’abord
les fondemens de leur Republique, sans crainte
que la France se sentant interessée à la vengeance
de cét affront, peut aller rompre leurs desseins
dans la foiblesse de leurs commencemens, par la
necessité qu’elle auroit, d’aller au deuant des
grands orages qui la menaçoient d’vn semblable
desastre, si toutesfois elle ne se hastoit-d’en étoufer
les naissances, sans diuiser ses forces en les partageant
à quelque autre secours.

 

Ceste action, il est vray, n’est pas trop aduantageuse
à la France ; mais enfin il faut auouër que
quatre millions sont fort ébloüissants, & qu’il
n’est point de lâcheté qu’vne si grande somme
ne justifie dans la creance de ceux qui iugent raisonnablement,
& mesme conformément au texte
sacré, qu’vne charité bien ordonnée doit commencer
par soy-mesme ; & que par consequent, il
n’est point d’honneste homme qui ne doiue agir
premierement par les motifs de ses interests particuliers,



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