Anonyme [1651 [?]], LA SVITTE DV MANIFESTE DV CARDINAL MAZARIN LAISSÉ A TOVS LES FRANCOIS auant sa sortie hors du Royaume. Confessant les motifs & les moyens qu’il a tenus pour s’agrandir. Exposant au vray tous les monopoles qu’il a brassé contre la Maison de Condé, & les intrigues qu’il a fait ioüer pour perdre le Comte d’Alais. Respondant à la temerité des entreprises qu’on luy impute. Déguisant ses fourbes en general par des pretextes d’Estat. Iustifiant les Simonies, les trocs, les permutations illicites, & les Retentions criminelles des pensions sur les benefices Ecclesiastiques. Déduisant les raisons qu’il a eu de disposer des gouuernements en faueur de ses creatures, & faisant voir les maximes necessaires à vn homme de peu pour s’esleuer & pour se soustenir dans les grandeurs. Ecce morituri vera hæc sunt verba Ministri Clau. in Eut. lib. 1. , françaisRéférence RIM : M0_2390. Cote locale : C_11_5.
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seruir de Cent soixante & dix-sept millions que
i’ay pillés à la France, tant pour en faire de nouuelles
leuées de Gens de guerre, que pour grossir
mon party d’vne partie des plus Grands de l’Estat
que j’attacheray à ma deffence auec des chaines
d’or : Croit-on, dis-je, que les Anglois mesme
Republicains ne se sentiront pas interessés à
ma disgrace, & qu’ils ne se souuiendront point
du plaisir que ie leur fis pendant le siege de Paris,
lors que la crainte d’attaquer tous les trônes de
l’Europe, en ébranlant le leur ; & l’apprehension
de faire vne sedition dans l’Angleterre, par le
scrupule que les peuples pourroient auoir du plus
enorme de tous les parricides ; leur fit surseoir l’execution
de cét horrible dessein, iusques à tant
que ie leur leué ceste double peur tant par l’impuissance
que ie porté à la France de pouuoir venger
cét affront, que par la raison plausible que ie
donnay au peuple d’Angleterre de ne s’effrayer
point de l’horreur d’vn si grand attentat, puis
que les rebellions de la France dont i’estois le
principal Autheur, estoient à la veille de se porter
à vne semblable extremité.

 

I’auoüe bien que c’est auec quelque sorte de
déplaisir que ie me sens obligé de réueller les intelligences
secrettes que i’ay eu depuis quatre
ans auec les Generaux Faifax & Cronuel, par l’entremise
du Comte de Vverfange leur agent particulier,



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