Anonyme [1651 [?]], LA SVITTE DV MANIFESTE DV CARDINAL MAZARIN LAISSÉ A TOVS LES FRANCOIS auant sa sortie hors du Royaume. Confessant les motifs & les moyens qu’il a tenus pour s’agrandir. Exposant au vray tous les monopoles qu’il a brassé contre la Maison de Condé, & les intrigues qu’il a fait ioüer pour perdre le Comte d’Alais. Respondant à la temerité des entreprises qu’on luy impute. Déguisant ses fourbes en general par des pretextes d’Estat. Iustifiant les Simonies, les trocs, les permutations illicites, & les Retentions criminelles des pensions sur les benefices Ecclesiastiques. Déduisant les raisons qu’il a eu de disposer des gouuernements en faueur de ses creatures, & faisant voir les maximes necessaires à vn homme de peu pour s’esleuer & pour se soustenir dans les grandeurs. Ecce morituri vera hæc sunt verba Ministri Clau. in Eut. lib. 1. , françaisRéférence RIM : M0_2390. Cote locale : C_11_5.
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sa Maison ; & certainement i’eusse fait triompher
cette Politique dans la conioncture des affaires
de Naples, si l’euidence de m’a fourbe n’eust fait
voir à ce Prince, que ie n’y allois pas de bonne foy ;
& que ie ne m’estudiois qu’à luy procurer des occasions,
qui deuoit plus probablement seruir d’écueils
que d’agrandissement à sa gloire.

 

En effet le Duc de Guise estoit desia pris ; le
Comte de Pignari, le Baron de Mornaro, les
sieurs de Castro, de Maltoti, de Carrafa, & plusieurs
autres Partizans de la faction de France,
auoient esté assassinez, & les Chasteaux principaux
qui leurs seruoient d’azile, remis entre les
mains du party d’Espagne ; lors que sollicité secrettement
par le Duc de Carces, auec l’assurance
de quelques millions qu’il me faisoient esperer
ie taschay de faire conceuoir au Prince de Condé,
que cette occasion estoit digne de son courage auec
les protestations que ie luy faisois, que ie rehausserois
encore la grandeur de sa maison du
nouuel esclat de cette Souueraineté s’il vouloit en
entreprendre la conqueste, que ie ne manquois
pas de luy rendre tres facile, quoy qu’en effet ie la
iugeasse impossible. Mais ce Prince sçachant
bien qu’il n’estoit plus de resource pour les esperances
de cette Souueraineté, & que i’en auois
abandonné le secours en vn temps où la puissance
d’Espagne n’y batoit que d’vn aisle ; respõdit a droitement



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