Anonyme [1651 [?]], LA SVITTE DV MANIFESTE DV CARDINAL MAZARIN LAISSÉ A TOVS LES FRANCOIS auant sa sortie hors du Royaume. Confessant les motifs & les moyens qu’il a tenus pour s’agrandir. Exposant au vray tous les monopoles qu’il a brassé contre la Maison de Condé, & les intrigues qu’il a fait ioüer pour perdre le Comte d’Alais. Respondant à la temerité des entreprises qu’on luy impute. Déguisant ses fourbes en general par des pretextes d’Estat. Iustifiant les Simonies, les trocs, les permutations illicites, & les Retentions criminelles des pensions sur les benefices Ecclesiastiques. Déduisant les raisons qu’il a eu de disposer des gouuernements en faueur de ses creatures, & faisant voir les maximes necessaires à vn homme de peu pour s’esleuer & pour se soustenir dans les grandeurs. Ecce morituri vera hæc sunt verba Ministri Clau. in Eut. lib. 1. , françaisRéférence RIM : M0_2390. Cote locale : C_11_5.
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deuoit pas receuoir moins d’eclat que d’agrandissement
de cette belle entrée dans la souueraineté
de Liege.

 

On peut bien conduire prudemment vne belle
intrigue, on peut la faire reussir auec grand succés
Mais ie deffie bien les plus rusez de me pouuoir
marquer vn seul manquement dans la tissure de
celle-cy, où n’ayant serui le Duc de Bauiere que
par la necessité de maintenir ma fortune, i’en ay
neanmoins tiré deux millions ; où i’ay rompu vne
puissante faction que la France y auoit fomenté,
sãs que neãmoins les plus passionés pour le progrés
des affaires de l’Estat en ait iamais eu le vent ; bref
ou i’ay si bien menagé les esprits des Liegeois, que
i’ay fait porter tout le blasme du retardement du
secours, au Comte de Harcourt, par la creance que
ie leur ay fait donner secrettement, que la crainte
de n’auoir point assez de force pour resister aux
armes de Bauiere, luy auoit osté le courage de les
aller attaquer dans leur retranchements, quelques
ordres neanmoins qu’il eut receu de la Cour
pour en haster l’execution.

Auant que de passer à quelque autre fourbe, ie
suplie mes Lecteurs de preocuper leurs esprits de
la maxime que i’auois de me seruir tousiours de
l’ambition & de la generosité que ie reconnoissois
en ce Prince, pour pretexter aux mauuais desseins
que ie forgeois incessament sur la perte de



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