Anonyme [1649], LA SEVRE, L’ESCLATANTE ET LA GLORIEVSE VICTOIRE DES BOVRDELOIS, MALGRÉ LA TRAHISON de leurs faux amis, par maniere d’Epitaphe. Auec deux Epitaphes pour Monsieur de Chambret leur General. , françaisRéférence RIM : M0_3668. Cote locale : D_1_11.
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qu’on en doit verser. Pour [illisible], on ne peut les considerer
dans le triste & le funebre estat où nous sommes
reduits. Toute la France doit benir l’inuiolable fidelité
qu’ils luy ont tesmoignée ; Tous les vrais François
doiuent aller porter des fleurs sur leurs tombes, & couronner
leur sepultures de mille festons. Nous leur deuons
mille sortes d’hommages ; & des Payens les adoroient
comme des hommes que la mort leur auroit
rendu des Dieux protecteurs. Pour moy ie ne trouue
pas qu’il y ait d’impieté à leur sacrifier des loüanges ; Il
a esté de tout temps permis de loüer apres leur trespas,
ceux qui dans les actions de leur vie ont esté tous
pleins de gloire & d’honneur.

 

Chantons donc sans nous lasser des chants de triomphe
pour eux, encore qu’on crie par tout leur déroute.
Ceux qui sont morts & que nous loüons n’ont point
eu la lascheté de fuir. Il est vray que l’armée du Parlement
de Bourdeaux a esté mise en route : Il est vray
que la trahison de quantité de lasches, payez pour trahir
ceux qu’ils feignoient de seruir, a rompu l’ordre
des bataillons. Il est vray que ces perfides à la veuë
d’vne poignée d’ennemis ont fuy comme ils l’auoient
promis, & qu’ils n’ont ainsi esté que trop fidelles dedans
leur infidelité. En fuyant ils entraisnoient comme
par force ceux qui n’estoient pas resolus de pastir ;
ainsi ces traistres rompoient les rangs & semoient
l’espouuente parmy ceux qui ne sçauoient ce que c’estoit
de fremir.



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