Anonyme [1649], LA REVNION DES ESPRITS. , français, latinRéférence RIM : M0_3535. Cote locale : C_9_84.
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de ceux mesme qu’ils auront resolus à
la patience. Il y a de la peine à persuader vn
malade de guerir, quand il le faut porter à la
seignée, & à l’amertume des breuages fascheux ;
ie sçay aussi qu’Esculape n’est que
pour les grandes infirmitez. Ie m’asseure qu’il
n’y a personne dans le Parlement qui ne blasme
Platon, de n’auoir pas voulu secourir sa
Patrie, parce qu’il ne pouuoit luy faire du
bien sans luy causer quelque douleur par la
seuerité necessaire à ses maux. Le Sage ne
souhaitte iamais auec impatience sa Patrie,
quand il en est esloigné ; le genereux ne l’abandonne
point, lors qu’il la void affligée :
plus elle souffre de miseres, plus il a de charité.
Le grand & heroïque amour, naist de la
misericorde ; la medecine guerit les maladies
vulgaires, le miracle n’est que pour les desesperez.
Dieu mesme attend nostre extreme
desolation, pour nous donner son assistance ;
& quoy qu’infiniment bon, il a souffert la
derniere ruine du genre humain, pour auoir
la gloire d’estre son Sauueur. Nous sommes
menassez de tant de maux, qu’il faut employer
l’industrie de tout le monde, que la
douceur de la retraite ne retienne personne ;
si quelque merite extraordinaire se cache,
qu’on le pousse dans les affaires. C’est donc


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