Anonyme [1649], LA RESPONSE DE LA RALLIERE A L’ADIEV DE CATELAN, SON ASSOCIÉ. OV L’ABREGÉ DE LA VIE DE CES deux infames Ministres, & Autheurs des principaux brigandages, volleries, & extorsions de la France. , françaisRéférence RIM : M0_3394. Cote locale : A_8_35.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 8 --

aussi gueux qu’vn rat. N’oubliez pas ce train superbe, auec
lequel vous vintes à Paris, beaucoup moindre que celuy que vous
auez à present, & qui sentoit plustost le Goujart, que non pas le
grand Partisan. Souuenez-vous sur tout de cét employ honorable,
que vous auez exercé pendant vostre vie auec tant de reputation,
que vous passez pour le plus honneste vilain de France : Ne m’auoüerez-vous
pas que vous n’estes paruenu que par ces voyes infames,
que vous ne vous maintenez que par ce trafic des honneste,
& que les intrigues de l’amour vous ont ouuert la porte de celles
des Finances, desquelles vous vous estes si bien seruy, qu’on-dit
que vous auez volé quatre à cinq millions de l’argent du Royaume.
Il n’y a point d’estat ny de condition, qui n’ait senty les traits
de vostre auarice : Vous auez traitté également l’Ecclésiastique &
l’Officier, le Noble & le Roturier. Tout le monde a gemy sous les
charges qu’on luy a imposées, prouenans de l’inuention de vostre
esprit malin, qui se nourrit de la desolation des pauures.

 

Voila ce que i’auois à dire, pour vous obliger de quitter le vice,
corriger vos mœurs, & commencer vne meilleure vie. I’ay creu
qu’il n’estoit pas necessaire de mettre icy vn abbregé de la mienne,
parce qu’elle ne differe gueres de la vostre, & que vous sçauez bien
qu’il n’y a personne qui l’ignore. Tous nos Confreres se pourront
voir dans cette petite esbauche, lesquels i’exhorte aussi de suiure
mon exemple d’aller au deuant de la tempeste qui gronde sur nous,
& que bien-tost nous reduira en poudre. Si nous ne la diuertissons
par vne ferme resolution de mieux viure viure à l’auenir, il faut que
nous commencions par la restitution des grãdes richesses que nous
possedons iniustement, il les faut rendre à l’Estat à qui nous les auons
prises, il nous en restera encore assez pour viure, sous le bon
plaisir de la Iustice. Ne differons donc plus ce que la necessité, nostre
salut, & le bien de la France exigent de nous. Adieu, quelque
iour vous me remercierez de la liberté que i’ay prise de vous dire
ces veritez.

FIN.



page précédent(e)

page suivant(e)