Anonyme [1649], LA RENCONTRE D’VN GASCON ET D’VN POITEVIN, LES FANFARONADES DE L’VN, ET LES CONTINVELLES RAILLERIES DE L’AVTRE. DIALOGVE. , françaisRéférence RIM : M0_3346. Cote locale : C_9_61.
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Le Gas. Iou ay l’honneur d’estre son parent, & puis
toutes mes querelles ont esté ioustes de mon costé, ie
bous beus dire le reste.

Le Poit. Ie lis les Amadis de Gaule, quand ie vous entends
parler de tant de duels, de valeur, & de courage :
mais puis que vous le voulez bien, voyons donc comme
vous débroüillastes cette derniere.

Le Gas. C’estoit fait que de moy, si l’on m’eut attrapé :
tous les plus vrabes de la Probince se mirent en campagne
pour me chercher, & me mettre au tomveau, en recompense
de tant d’autres que i’abois mis dans la viere.

Lou Duc d’Espernon me serbant d’azile, me conseilla
de n’aller ny en Allemagne, ny en Catalogne, ny en
Flandres, doutant qu’en ces endroits mon ennemy y
aboit des parens qui possedoient de grandes charges, &
qui n’eussent pas manqué de m’y faire prisonnier, si iou
eusse pris cette route, & c’est la braye raison pourquoy
iou fus contraint d’aller en Italie pour ébiter l’ourage
dont l’on bouloit m’avismer. Veaucoup de gens de mes
parens, & de mes amis voulurent s’oupouser à mon boyage :
mais le moyen d’arrester le cours à vn deluge, d’empescher
le moubement du Souleil, & de vorner mon courage ?
C’est foulement bouloir enfermer l’air, & lier le
bent que de bouloir limiter les bolontez martiales du
Marquis de Roche-vlanche. Iou boulus d’auord me faire
dresser vn superue équipage : mais considerant que cette
superve despense me feroit plus d’enbieux que d’amis,
ie me fis en dresser vn mediocre. Six chebaux ; six paires
d’avis, & six balets domestiques furent toure ma suitte,
resolu de n’aller à l’armée que comme bolontaire. Enfin
la Renommée puvliant que les Mareschaux de la Meilleraye,
& du Plessis Prassin alloient assieger Piombino, iou
sus à l’instant si touché d’impauence d’aller à ce siege que
ie commeucay de faire mes adious. Cependant que grand
nomvre de gens me benoient complimenter, iou sçeus



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