Anonyme [1650], LA POLITIQVE SICILIENNE, OV LES PERNICIEVX desseins du Cardinal Mazarin; Declarés à Monseigneur le Duc DE BEAVFORT de la part de toutes les Prouinces de France. , françaisRéférence RIM : M0_2817. Cote locale : A_9_26.
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vient d’estre appellé encore vne fois en duel par le Duc de
Candale pour l’affaire des tuilleries, & ce n’est que par les
ordres secrets de ce voleur, qui fait agir son neueu pretendu
pour tascher de perdre nostre bien-facteur, promettant
à ce ieune Agent plus de beurre que de pain, pour l’obliger
à hazarder le pacquet pour luy obeïr. Voyez vn peu les malices
du Cardinal qui réueille les querelles d’autruy pour se
vanger des siennes, ou pour susciter de nouueaux desordres.
Les Bourgeois doiuent-ils souffrir vne impertinence si
grande ? Monsieur de Beaufort doit-il souffrir qu’vn faquin
ce jouë d’vn descendu du Sang Royal ? & qu’enfin vn simple
Gentil-homme se rende Agent du Cardinal Mazarin
pour le perdre. Ie sçay bien que Monsieur de Beaufort est
trop genereux pour refuser vn défi d’honneur, mais sçachant
le complot qu’on a fait pour le destruire, il ne doit
iamais pardonner l’attentat qu’on veut faire sur sa personne :
Car ce n’est que par les ordres de ce Ministre, qui apres
nous auoir ruinez veut encore nous rauir celuy qui nous
peut procurer du soulagement.

 

MONSEIGNEVR, considerez vn peu sa conduite, preuoyez
ses desseins, & remarquez le chemin qu’il prend :
vous verrez que les François ayment mieux vostre vie que
vous mesme, puis qu’ils cognoissent que vous agissez trop
sincerement auec ce traistre ; qui voyant vostre franchise
vous trompera facilement. Toute la France attend de vous
vn bon coup pour iamais : vne bonne cheute dont il ne releue
de sa vie, & vne telle destruction d’Italiens, qu’il n’en
ose iamais entrer en France pour gouuerner nostre Estat ;
tant qu’il s’y trouuera des Princes & des Parlements. Bannissez
tous les Espagnols du Royaume ; ayez compassion de
cette pauure France qui n’en peut plus, reünissez à la Cour
tous ces Seigneurs esloignez par le caprice d’vn Ministre
tyran, qui pourroient par le desespoir de se voir bannis de
leur bien, troubler nostre repos. Viuez dans vne parfaite
intelligence auec les François, & abandonnez les feintes



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