Anonyme [1650], LA POLITIQVE SICILIENNE, OV LES PERNICIEVX desseins du Cardinal Mazarin; Declarés à Monseigneur le Duc DE BEAVFORT de la part de toutes les Prouinces de France. , françaisRéférence RIM : M0_2817. Cote locale : A_9_26.
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qu’ils n’ont pas dequoy auoir vn miserable morceau de pain :
Le bas Limosin ne vient-il pas d’estre tout mis à feu & à sang
par ses ordres, executez par Foulé ? Le Roy en peut-il esperer
vne autre année les Tailles, puisque le Cardinal Mazarin
a tout fait prendre ; qui par sa belle police fait manger à
des gens de guerre qu’il y enuoye, cent fois plus que les
Tailles ne se montent, sous pretexte de les faire payer ? y
a-t’il cruauté dans le monde comme la sienne. Lusignan &
Niort en Poictou ne viennent-ils pas de souffrir les mesmes
cruautez par les Regiments du Cardinal, & par ceux de la
Meilleraye aussi barbares que les autres, qui ont esgorgé
iusques aux enfans d’vn an, parce que ces deux Villes
auoient enuoyé des viures à Bourdeaux, où il a encore r’allumé
vne guerre par les ordres qu’il donne au Gouuerneur,
de faire des impositions sur le pays pour se deffrayer de l’argent
que sa tyrannie luy fit employer l’année passée ? Enfin
voyons nous vne personne qui puisse dire du bien de ce coquin,
que ceux qui partagent auec luy le sang du pauure
peuple ? Y a-t’il rien de plus insolent que de voir que ce
traistre vient de faire voler aux portes de Paris dans la ville
de Senlis iusques dans les Eglises : & ce n’est que par son
commandement, obligeant les habitans l’espée à la gorge,
de donner tout ce qu’ils auoient : Enfin ils n’ont rien laissé
qu’ils ayent pû emporter. Sont-ce des choses que l’on doiue
souffrir, parce qu’il dit que Monsieur de Bouteville y a
achepté sept à huict cheuaux, & quelque ieune homme de
là dedans de ses amis l’a suiuy ? sont-ce des excuses que l’on
doiue receuoir, luy permettant de faire perir toute la ville
entiere pour vn ou deux particuliers ? & Paris ne connoist-il
pas que tous ces rauages luy porteront du dommage : ie
vous attends à l’année suiuante pour l’esprouuer.

 

MONSEIGNEVR, comme c’est vous que la France
cherit le plus dans ce monde apres Dieu, c’est en vous aussi
qu’elle espere trouuer son salut ; c’est par vous qu’elle croit
estre deliurée du Tyran qui la fait perir à petit feu sous la



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