Anonyme [1650], LA POLITIQVE SICILIENNE, OV LES PERNICIEVX desseins du Cardinal Mazarin; Declarés à Monseigneur le Duc DE BEAVFORT de la part de toutes les Prouinces de France. , françaisRéférence RIM : M0_2817. Cote locale : A_9_26.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 24 --

trois si malicieux & si capables de seduire les plus constans
dans le bien de la France, qu’il semble que ceux qui luy en
ont vne fois empesché la ruïne totale, se laissent maintenant
chatoüiller les oreilles par les flateries de ce fourbe, en se
laissant persuader par les sortileges de deux femmes.

 

Les Demons ne sçachant comme quoy corrompre la nature
des hommes recoururent au dernier remede, & n’en
trouuerent point de meilleur que la femme : & de fait, c’est
d’elles qu’ils se seruirent pour nous rendre subjets au peché
& tributaires de l’enfer. Le Cardinal Mazarin n’en trouue
point d’autre non plus, plus propre à l’execution de ses detestables
desseins que celuy dont il se sert, qui est de la
Montbazon & de la Chevreuse, les esprits du monde les
plus malins, les plus acharnez à leur colere, & les plus hazardeux
du bien d’autruy, pourueu qu’elles puissent satisfaire
à leur caprice. C’est d’elles que ce fourbe se sert pour
se rendre maistre de vostre vie, en nous rendant odieux au
peuple, leur voulant persuader que vostre seul interest vous
a mis les armes à la main, & non le dessein que vous auiez
de procurer leur soulagement, en renuersant la tyrannie de
ce traistre Ministre, qui vient de donner cent mil escus à la
Montbazon, pour gagner sur vostre esprit tout ce qu’il souhaitteroit
de vous : vous faisant offre de l’Admirauté, du
Gouuernement d’Auuergne, & soixante ou quatre-vingts
mille liures de pension : & que cependant la Chevreuse
corromproit Monsieur le Coadjuteur, tant par la haine
qu’elle a pour les Princes, que par les offres qu’on luy fait
du Gouuernement de Paris & de l’Isle de France ; luy promettant
à elle de donner à sa fille le meilleur party de France,
& que par le moyen d’autres Dames il gagneroit Monsieur
le premier President : Madame la Marquise de Senecé
s’estant desia offerte à luy pour ce sujet.

Voyons nous que ce traistre oublie quelque chose pour
se rendre si souuerain en France, qu’il n’y ait enfin chose qui
ne despende absolument de la volonté de ce Tyran ? voyons



page précédent(e)

page suivant(e)