Anonyme [1650], LA POLITIQVE SICILIENNE, OV LES PERNICIEVX desseins du Cardinal Mazarin; Declarés à Monseigneur le Duc DE BEAVFORT de la part de toutes les Prouinces de France. , françaisRéférence RIM : M0_2817. Cote locale : A_9_26.
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apres la Paix faite auec l’Espagne, afin d’en estre mieux le
Maistre ; mais comme ce n’est pas son dessein, aussi n’en suit-il
pas le chemin : & pour dire vray, il ne la fera iamais, puis
que la differant iusques apres auoir mis la tranquillité dans
le Royaume, il y excite tacitement tous les iours de nouueaux
troubles : & en mesme temps qu’il en appaise vn petit
en vn endroit, il en fait naistre par ses ordres ailleurs vn plus
dangereux. Comme apres s’estre rendu Maistre de Bellegarde,
il a obligé Monsieur de la Roche-foucault de prendre
les armes en Poictou, par le refus qu’il a fait de l’assurance
de sa fidelité pour le seruice du Roy, pour ruïner auec
l’armée cette Prouince, comme il vient de ruïner la Bourgogne
& la Champagne. La Prouence affligée de peste &
des miseres de la guerre de l’année passée, n’est elle pas
tousiours sous les armes par les artifices du Cardinal Mazarin ;
qui voyant que cette Prouince commençoit à viure en
repos, fit en sorte de faire reuolter la ville de Marseille
contre le Gouuerneur, à qui il auoit fait donner ordre du
Roy d’y aller faire les Consuls, & enuoyé par dessous main
aux habitans de cette Ville de ne le point receuoir. On depute
de part & d’autre vers sa Majesté, cét habile Politique
approuue le procedé de ses habitans, & promet au Comte
d’Alais de luy faire trouuer son compte en temps & lieu.
Cette fois là il a esté esclaue de sa parole, parce qu’elle tend à la ruïne
de l’Estat, Et enuoye des ordres dans la ville de Tarascon
pour la faire sousleuer contre le Parlement, & se declarer
pour le Gouuerneur, auec commandement exprés d’en
chasser tous ceux qui voudroient s’y opposer ; & par ce
moyen il a r’allumé dans cette Prouince vne guerre plus
dangereuse que la premiere. Voyez comme il desire nostre
soulagement, & comme il pretend nous persuader, executant
encore cette maxime : Que les desordres rendent les Ministres
necessaires, & qu’ils se font approuuer quand ils esteignent
tous les iours de nouueaux feux, mais qu’il en faut tousiours r’allumer
pour mieux subsister.

 



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