Anonyme [1652], LA NOVVELLE GAZETTE DV TEMPS. EN VERS BVRLESQVES. Du dix-neufiéme Octobre 1652. , françaisRéférence RIM : M0_2549. Cote locale : B_18_31.
L’autre iour ce Seigneur ou Prince, Qui maintenant est en Prouince, Sçauoir Monsieur de Guemené, En espouse tres-fortuné, Estant chez Madame du Lude, Luy fit à peu prés ce prelude : Madame, mon fils premier né Que i’auois quasi destiné A porter la Mitre & la Chappe, N’a point voulu mordre à la grappe, Ie l’en ay mille fois prié, Mais il veut estre marié ; Vous auez vne vnique fille Tres-rauissante & tres-gentille, Madame, quand il vous plaira Monsieur mon fils l’espousera, Ce n’est pas vn tres galand homme, Mais il est na y tres Gentil homme, Et de plus le soir & matin Il dit son breuiaire en Latin, Son Pater, & tout son seruice Mieux qu’aucun Clerc Prestre, ou Nouice, Il a vingt & deux ans passez, Du reste, vous le connoissez : Enfin si ce fils dont ie parle Nommé Louys, & non pas Charle, A l’honneur d’estre à vostre gré, Ie l’ay de bon cœur consacré Pour estre espoux de vostre Infante Qu’il trouue tout à fait charmante, Ie viens icy sans hesiter La parole vous en porter, Madame, apres cette semonce C’est à vous à faire responce, Voila ce que le Prince dit, Et la Dame luy respondit, Monsieur, ie vais trouuer ma fille, Qui ie vois trauaille à l’esguille, Et luy proposeray le fait, Aussi tost dit, aussi tost fait, Elle alla consulter la belle. Que sans faire trop la rebelle, Oyant parler du Sacrement Y consentit gaillardement. Ainsi sans aucune remise, Et le iour d’apres qu’à l’Eglise On eut fait le troisiesme ban, L’heureux Monsieur de Montauban Espousa l’aimable pucelle, Et cette rare iouuencelle Accepta ledit iouuenceau, Qui passoit aussi pour puceau.
Mardy quinze ou seize dousaines De Colonnels & Capitaines, Et d’autres bourgeois de Paris, Tant mentons blonds, que mẽtons gris, S’esquipperent, la marinée, Puis partirent l’apresdisnée, Pour aller comme deputés Presenter à leurs Maiestés Vne requeste humble & ciuile De retourner en cette ville ; Leur rendez vous fut à Ruel : Mais d’autant que le camp cruel De ces belles troupes d’Espagne. Ont tout raflé par la campagne, Eux craignant de ne trouuer pas Dequoy faire vn ample repas,
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