Anonyme [1649], LA MANNE CELESTE, OV L’HEVREVSE ARRIVEE du premier Conuoy de Viures à Paris: AVEC LA GENEREVSE SORTIE DES PARISIENS. , françaisRéférence RIM : M0_2405. Cote locale : A_6_5.
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de leur gros pour faire quelque découuerte, rapportent auoir
veu les Ennemis rangez en bataille dans vne grande plaine
à la main droite, par où il faloit necessairement passer. Ce
valeureux Chef de Guerre, qui ne sceut iamais que c’est que
de peur, & qui en cent fameux endroits a donné d’illustres
marques de son courage, & de son experience, mesmement
à l’important siege d’Arras, où son frere le Duc de Mercœur
& luy firent des exploits qui surpasserent leur âge, se débande
comme vn torrent débordé, va droit à eux, les entame, les
perse, les fait ployer, & leur fait faire retraite. Asseurément
Dieu & les Anges combatoient auec cet Inuincible, & son
visage beau comme l’vn de celuy de ces diuins Esprits, tesmoignoit
assez qu’il estoit enuironné de ces diuines lumieres.

 

Ce mauuais succés des ennemis, qui d’attaquez deuinrent
fugitifs, & les sanglantes marques que ce rude chocq imprima
sur le corps de plusieurs Soldats Cardinalistes, n’intimiderent
pourtant point leur courage, qu’il ne leur en restât encore
beaucoup pour faire vn nouuel effort, & vne seconde
tentatiue. Au bruit des coups de mousquets, de fusils & de pistolets,
de nouuelles Trouppes se ioignirent à ce premier
corps qui fut mal mené à la premiere attaque, & ce renfort
les animant à tout entreprendre, ou à perir, le conseil medita
les moyens de tirer reuanche de l’affront qu’ils venoient fraichement
de receuoir : Ils ne quitterent leurs premiers postes,
que pour s’en emparer d’autres, & trouner suiet d’en venir
encore aux mains : mais comme toute cetre Armée vid à la
contenance de ses ennemis, qu’ils n’estoient pas gens à se
laisser battre aisément, ils s’aduiserent de faire par la ruse &
par le stratageme, ce qu’ils n’auoient pû auancer par la force
ouuerte.

Ces Trouppes se diuiserent apparemment, & le Duc de
Beaufort ne croyant plus auoir d’ennemis à combatre, fait
continuer la marche de son Conuoy & de ses gens de guerre
auec le mesme ordre & la mesme discipline militaire qu’il
auoit commencé. Comme il auance chemin il reçoit vn aduis



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