Anonyme [1649], LA HARANGVE DES PROVINCIAVX FAITE A LA REINE POVR LE PROCHAIN retour du ROY en sa bonne ville de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_1557. Cote locale : A_4_19.
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faut pas craindre de se sacrifier. Mais bien loin, MADAME,
de ces genereuses pensées, voyant que vous ne ramenez
point le Roy à Paris, nous vous croyons tousiours pleine
de cette cholere qui vous l’en fit rigoureusement enleuer.
Vos pauures subjets opprimez, dans leurs malheurs s’imaginent
tousiours que vous leur faites la guerre, & leur deplaisir
se redouble à sentir que leurs douleurs, outre qu’elles
sont extrémes, sont encores des coups de vostre vengeance
& de vostre couroux.

 

De cette sorte ils perdent tout à la fois & bien & repos &
patiẽce. Vos traits leur sont plus penetrans, parce qu’ils sont
vostres, que parce qu’ils sont aigus, & la mort à ceux qu’on
fait expirer dans les tortures, est plus rigoureuse, parce qu’ils
croyent que vous la leur donnez, que pource que d’elle mesme
elle est tousiours assez sensible. Desabusez tant de miserables,
grande Reine, ouurez le cœur à tant de tristes objets
qui vous le doiuẽt toucher. N’obligez point vos peuples à deuenir
perfides en les laissant croire que vous estes cruelle.
Ramenez le Roy à Paris, faites le monter dãs son Trosne.
Quand ce Soleil sera sur le haut de son hemisphere il dissipera
tous les nuages où nous voyons en tremblant s’esclorre
tant de tempeste. Il donnera la vie à tant de choses mourante
en ce Royaume par son absence ; ce bel Astre fera par tout
de l’or dans ses Estats, & nous verrons par la force de ses
rayons naistre des fleurs & des fruits à millions dans les
lieux les plus steriles, & les plus deserts. Il est iuste,
MADAME ; que vous nous le rameniez en cette saison :
n’est ce pas assez que sous vne Zone temperée,
comme la nostre, dans vn Estat si bien reglé, nous ayons
esté aussi malheureux que ceux des Poles, & que mesmes
plus de six mois nous en ayons esté priués l’Este reuient,
MADAME, ne nous laissez point geller comme l’Hyuer
passé. Remarquez que le Ciel inconstant ne peut s’accorder
auec luy-mesme, parce que nostre ieune Astre manque à la
perfection de la saison. Voudriez vous, MADAME,
étendre vostre vangeance iusques dessus les enfantemens



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