Anonyme [1650], LA GVERRE DECLAREE AV CARDINAL MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_1526. Cote locale : D_1_28.
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du Traicté de la paix d’Allemagne, & pour comble de
tous les malheurs de la France il esloigne la paix generale.

 

Et comme il a veu que la France est si puissante, qu’il ne la pouuoit
entierement perdre que par sa diuision, c’est à quoy il a trauaillé
par l’emprisonement des Princes du Sang, car il a bien
iugé que les vrays seruiteurs du Roy, & les parens & amis des
Princes prendroient les armes pour procurer la liberté & feroient
vn party, & par ce moyen il ioindroit vne guerre ciuile &
intestine à celle de dehors, ou que si les courages estoient si abbattus,
que personne ne voulust entreprendre la deffence des Princes
du Sang mal-traictés sans auoir commis aucun crime, il en
reuiendroit neantmoins cet aduantage aux ennemis de l’Estat
que ceux qui sont les vrays appuys & le soutien de la Couronne,
& qui y ont plus d’interest que personne ne leur seroient plus opposez,
ny ne seroient plus à la teste des armées où ils ont esté tousiours
victorieux.

A quelle fin peut-on croire aussi que l’on ne paye plus les armées
ny les garnisons, ny la Maison du Roy, ny les rentes, & neantmoins
les Prouinces & la ville de Paris sont espuisées d’argent
par les leuées qu’on fait sous ce pretexte que c’est pour les affaires
de l’Estat, & au fond ne sont que pour faire celles du Cardinal Mazarin,
& broüiller tout le Royaume.

Or pour ce que les Princes ne sont emprisonnez qu’àcause de
l’ennemy de l’Estat & le leur, la demande que l’on fait de leur liberté
estant fondée ez Declarations du Roy, desquelles on demande
l’obseruation, tant à leur esgard, qu’à celuy de Madame in
Madamoiselle de Buillon sera iugée si iuste, que la Cour de Parlement
qui a verifié ces Declarations ne peut qu’elle ne s’y ioigne,
car si elles ont esté iugées loix necessaires à l’Estat, & que
l’on les violle aussi-tost qu’elles ont esté publiées, quelle seureté
y a-t-’il plus pour la Noblesse & pour le peuple, si on abandonne
l’execution des loix pour se submettre à la violence d’vn Estranger,
lequel on void dans le Conseil supreme trompant des Princes
du Sang de nos Roys, à qui on oste la place qu’ils y doiuent
tenir, personne ne peut faire difficulte d’auoüer que si la publication
de ses Declarations fit mettre bas les armes au Parlement



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