Anonyme [1652], LA FRANCE AFFLIGEE, Parlant & respondant à toutes les Personnes & les Corps qui suiuent. Le Roy. La Reine. Le Mazarin. Le Confesseur de la Reine. Le Priué Conseil. Le premier President. Tous les Mazarins en general. Monsieur de Villeroy. Monsieur le Duc Damville. Mons. le Duc d’Orleans, & Mademoiselle. Le Prince de Condé. Le Duc de Beaufort. Monsieur de Brousselle. Le Parlement en general. Le Coadjuteur. Le Clergé. La Noblesse. Le tiers Estat. Et faisant sa plainte, sur le sujet de toutes leurs réponses, qui l’obligent à former la resolution qu’elle témoigne à la fin de ce discours. Le tout en vers Heroiques. , françaisRéférence RIM : M0_1417. Cote locale : B_3_19.
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Response de Villeroy.

 


On ne peut condamner vne si iuste enuie,
Mais si d’vn prompt effet elle n’est pas suiuie,
Accusez en la Reyne, elle est mere du Roy,
Et dessus son esprit, elle peut plus que moy,
C’est elle qui luy peint vos vœux comme des crimes,
Qui veut de son courroux, vous rendre les victimes,
Et qui veut que le fer vange son interest,
Dans le despit de perdre vn obiet qui luy plaist :
Le Prince est foible encor, autant qu’il est fragile,
Obeït à sa voix d’vne façon seruille,
Et ne peut receuoir d’autres impressions
Que celles de son zele, & de les passions :
I’ay beau luy figurer le peril qui le presse,
Cette mere importune, est tousiours la maistresse,
Et détruit d’vn seul mot, tout ce que mon discours
A tasché d’establir pour vous donner secours :
Que vous dirai-je enfin, ie crains pour la Couronne,
Et dans ce sentiment, ie tremble & ie frissonne,
Prophete de malheur, ie n’ose m’expliquer,
Ie touche le remede, & ne puis l’appliquer,
Et suis icy forcé d’auoüer à ma honte,
Que la grandeur du mal, tous mes efforts surmonte :
Vous donc, ô chers François, qui voyez que mes soins,
Se monstrent plus ardans alors qu’ils peuuent moins,
Dans ce pressant desir de secourir la France,
Connoissant ma ferueur, plaignez mon impuissance,
Et pour voir tous vos maux finir en vn moment,
Chassez d’icy la Reine, ou son aueuglement.

 

La France.

 


Ouy, ie sçay que la Reine en l’ardeur qui l’anime,
Nous rend tous criminels, pour excuser son crime,
Et reiette sur nous l’iniuste chastiment,
Que son cher Mazarin merite iustement :

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