Anonyme [1649], LA FARCE DES COVRTISANS DE PLVTON, ET LEVR PELERINAGE EN SON ROYAVME. , françaisRéférence RIM : M0_1372. Cote locale : C_4_11.
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Pour conduire des porcs enuiron vingt ou trente :
Et par ce que i auois de grands competiteurs,
Qui malgré moy vouloient en estre conducteurs,
I’allay tout de ce pas sans tarder d’auantage
Trouuer l’archiuacher assis dessus l’herbage ;
Et puis ayant passé mon chapeau dans mon col,
Ie luy pleu tant d abord qu’il rioit comme vn fol,
I’estois emmitouflé en attrape science,
Et en ce bel estat ie fis la reuerence.
Grand Prince des vachers, qui sous vostre pouuoir
Auez tant de sujets rangez en leur deuoir,
Qui par vn tour de main pouuez tous les soûmettre
D’vn pouuoir absolu aux coups de vostre sceptre,
Vous à qui appartient toute collation
D’vne charge vacante en vostre edition :
Ie viens vous rendre hommage, auec humble requeste
De vouloir me souffrir pour garder quelque beste.
Monsieur, mon gros bouuier, mon Prince à nez crotté
Roy de bœufs, de cochons, riche en necessité,
I’ay bon bras, bonne voix, pour bien me faire entendre,
Si i’ignore mon art, ie pourray bien l’apprendre.
Ma requeste entenduë, il me dit aussi-tost,
Mon fils, ie vous reçois, baisez moy le sabot :
(Car c’est en ce faisant que l on me rend hommage)
Desormais vous pourrez paistre autour du village.

 

 


Me piaffant tout ainsi qu’vn poux sur vn teignon,
Ie cours au mesme instant prendre possession,
Et peu de temps apres ie veois comme vne armée
Qui venoit droit à moy la gueule enfarinée.
Moy surpris de cela, ie fais gille soudain,
Mais vn drille me dit m’arrestant par la main,
Hugues, pourquoy s’enfuir quand cette compagnie
Vient pour vous saluër en grand ceremonie ?
Tout beau, tout beau. Et moy encore que de peur
En chausse ie chiasse, il falut par honneur
Attendre en patience vne telle ambassade,
Aussi-tost vn d’entr’eux auec vne accolade

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