M. B. I. V. D. R. D. L. P. P. T. [1652], PRESAGES DE CHANGEMENT EN LA MONARCHIE DES FRANÇOIS Par M. B. I. V. D. R. D. L. P. P. T. , français, latinRéférence RIM : M0_2859. Cote locale : B_14_7.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 10 --

n’est le gangrene en vn membre blessé. Mais au lieu de
les pacifier, il les a aigry en les ruinant par la mauuaise
conduite de son pernicieux Conseil.

 

Autresfois les peuples se resiouyssoient de voir leur
Roy, la presence duquel rendoit les plus mutins obeyssans
à ses loix & volontez elle reprimoit l’audace d’vne
infinité de tyranneaux qui font les petits Roys &
Souuerains, non seulemeut en chaque Prouince du
Royaume, mais en autant d’endroits presque qu’il y a
de Villages en France : Elle faisoit blesmir les meschans,
& apprehender la corde à tant de Iuges iniques,
& qui ruinent autant les subjects du Roy par leurs plumes
& chicanes, que font les compagnies de gens de
guerre par armes. La bonne & sainte Reyne Blanche, a
autant fait pour le Roy son fils Louys IX. en luy faisant
voir les Prouinces de son Royaume, que si elle les
luy auoit acquis de nouueau, d’autant que la Majesté
Royale sert d’vn ferme appuy aux gens de bien par sa
presence, de terreur aux meschans : Elle pacifie les differens,
elle reforme & dissipe tous les desordres ; Ainsi
faisant, elle maintient ses sujects par les liens d’vne inuiolable
fidelité en paix, repos, iustice, abondance &
prosperité en tous biens.

I’estime pour ces causes que le Prince ne deuroit
auoir autre Palais, ny demeure qu’vne continuelle visite
de ses Prouinces. Mais pourueu que sa visite &
voyage ne sut point à la charge, ny à la ruine des villes,
& Prouinces, ains plustost pour y apporter abondance
de biens & de Finances, selon que le requiert la magnificence
d’vn grand Prince. N’est-ce point la raison
pourquoy iadis les peuples faisoient retentir leurs voix
de ioye, par acclamations de Viue le Roy, par tout où
il passoit.

Mais à present, c’est chose autant horrible qu’incroyable,
combien est grande la desolation des peuples
qui ont veu la presence de celuy qui les deust maintenir.
Ce n’est de merueille si les villes ont redouté sa



page précédent(e)

page suivant(e)