Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1652], LE VRAY-SEMBLABLE SVR LA CONDVITE DE MONSEIGNEVR LE CARDINAL DE RETZ. , françaisRéférence RIM : M0_4081. Cote locale : B_10_7.
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nous doit faire apprehender quoy que ce soit de l’auenir ; N’est ce pas
vne imagination extrauagante de se persuader que le Cardinal de Retz
fasse des projets contraires au repos, à la grandeur, à l’abondance de Paris ;
quel interest luy peut estre plus cher & plus considerable que celuy
d’vne Ville, de laquelld il tire tout son esclat ; tout son bien, toute sa consideration,
& toute sa force ; est il probable qu’vn Archeuesque de Paris
puisse iamais auoir des interests separez du lieu de sa residence, où il doit
viure & mourir ; est-il croyable qu’il ne fasse pas tous ses efforts pour se
cõseruer par toute sorte de voye les bõnes graces d’vn peuple qu’il doit
regarder comme ses enfans, ces sentimens sont si vray semblables, que ie
croy qu’on leur peut donner le nom de vrais.

 

Vous voyez que les bruits que l’on a semez cõtre le Cardinal de Rets
sont assez opposez au vray sẽblable ; il reste à examiner en deux paroles
ce qui est vray semblable de sa conduite, i’entends de celle qu’il peut
auoir tenu depuis ces derniers temps, sur laquelle ie remarque que par la
comparaison que l’on en peut faire auec la passee, il y a beaucoup d’apparence
qu’il est demeure sans action & dans le repos, parce qu’il a cõnu
que l’on ne pouuoit trauailler auec honneur & auec seureté dans vn
Party où l’on trahit continuellement Monsieur, qui seul a de bonnes intentions,
où l’on ne fait la guerre que pour piller, où on ne la veut pas
assez forte pour chasser entieremẽt le Mazarin, ou l’on ne cherche que
des auantages particuliers, & où l’on ne le desiroit que pour le sacrifier
& pour en faire ses conditions meilleures, ie dis qu’il y a beaucoup d’apparence
que le Cardinal de Rets n’a aucune part à toutes ces affaires par
ce que la verité nous force d’auoüer que l’on a remarqué dans toutes
celles dont il s’est meslé, plus de concert, plus de conduite, plus de vigueur
& plus de foy que nous n’en voyons dẽs celle de laquelle il s’agit
aujourd’huy : C’est en effet la marque la plus forte de la profession qu’il
fait de ne prendre plus aucune part eu toutes les affaires, & il est vray
semblable qu’il ne s’en est retiré que par la raison que i’ay desia touchée
du mauuais ordre que l’on affecte d’y tenir, la bonté auec laquelle
son Altesse Royale le traite, fait bien voir qu’il n’y est obligé par aucun
changement qui soit arriué du costé de Luxembourg : & pour ce qui est
des violences, il est assez en possession de n’en point reconnoistre que
celles qu’il se fait à luy mesme : nous auons veu la sedition regner dans
Palais, nous l’auons veu triompher de l’Hostel de Ville, & nous auons
veu que le Cloistre ne l’a pas apprehendé.



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