Faure,? [?] = Arnauld d'Andilly, Robert [?] [1652], LA VERITE TOVTE NVË, OV ADVIS SINCERE & des-interessé, sur les veritables causes des maux de l’Estat, & les moyens d’y apporter le remede. , françaisRéférence RIM : M0_4007. Cote locale : B_17_13.
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M. le Prince, tout le reste estoit demeuré dans le deuoir : & le Parlement de
Paris, nonobstant la cabale que M. le Prince y a tousiours entretenuë, auoit
verifié la Declaration qui le noircit du crime de leze Maiesté. Ainsi le Roy
estoit sur le point de chastier hautement sa rebellion : de restablir glorieusement
son authorité : de rendre le calme à son Estat ; & de faire en suitte vne
paix generale tres-aduantageuse : si d’vn costé les artifices de M. le Prince,
qui durant qu’il declamoit le plus contre le Cardinal, & prenoit pour pretexte
de sa reuolte le dessein de son retour negotioit auec luy par Gouruille
qui l’alla trouuer à Cologne, afin de le porter à reuenir : & si d’vn autre costé
la Princesse Palatine, le Mareschal du Plessis, Senetaire le pere, & quelques
autres personnes de la Cour, n’eussent par vne l’asche complaisance & par
vn pur mouuement d’interrest particulier, fortifié la Reyne dans le dessein de
le rappeller, sous pretexte de maintenir l authorité du Roy, & en luy alleguant
pour cela l’exemple de la faute qu’auoit faite le feu Roy de la Grande
Bretagne, en abondonnant le Comte de Statforrd à la fureur du Parlement
d’Angleterre : quoy que cét exemple soit tres-different de celuy dont il s agit
par ce que ce Vice-Roy d’Irlande auoit toutes les bonnes qualitez qui manquent
au Cardinal : qu’il estoit si innocent, que ses ennemis, qui estoient ses
Iuges, furent reduits pour trouuer quelque couleur à le condamner, de faire
par vne iniustice & vne illusion abominable à la Iustice, vne loy toute nouuelle,
qu’ils reuoquerent aussi-tost apres qu il fut iugé, & qu’au lieu qu’ils
vouloient à quelque prix que ce fust aüoir sa teste, chacun demeuroit d’accord
que le Roy pouuoit permettre au Cardinal non seulement de demeurer
en lieu de seureté ; mais de iouїr de tous ses benefices & de tout son bien.

 

Monsieur le Duc d’Orleans, qui iusques alors n’auoit point voulu s’engager
dans les interests de M. le Prince, fut si extremement touché d’apprendre
que le Cardinal se mettoit en estat de reuenir, qu’il se resolut, bien qu’auec
vne extreme repugnance (car il faut rendre ce tesmoignage à la verité) de signer
l’vnion auec M. le Prince. Mais il laissa passer le Cardinal, au lieu de
l’en empescher comme il l’auroit pû faire, s’il fust monté à cheual auec ce qu’il
auroit fort facilement ressemblé dans vne telle rencontre, & ce qu’il auoit
desja des troupes entretenuës sous son nom, quoy qu’en effect elles soient au
Roy ; lesquelles il ioignit depuis sous le commandement de Valon à celles de
M. le Prince commandées par Tauannes, & à celles des Espagnols commandées
porClichan, dont les Ducs de Beaufort & de Nemours furent Generaux.

Le Parlement de Paris sçachant le Cardinal à la Cour, surceoir pour vn
mois l’effect de la Declaration qu’il auoit verifiée contre M. le Prince : ce
qui est vne entreprise sur l’authorité du Roy, dont on ne pourroit assez s’étonner
si elle n’estoit encore moins considerable que la hardiesse qu’il eut de
luy donner place sur les Fleurs de Lys, quoy que declaré criminel de leze
Maiesté, quoy que portant l’escharpe rouge, & quoy que faisant trophée de
l’enleuement d’vn quartier des Troupes du Roy, qu’il vonloit faire passer
pour vne bataille generale remportée sur son armée. Le seul President de
Bailleul eut le courage de luy dire qu’il s’estonnoit qu’il osast ainsi prendre
sa place. Mais s’il se mit en deüoir de soûtenir par cette action l’honneur de la
Compagnie qu’il presidoit, l’insolence que nombre de factieux eut de luy faire
vne huée que de pétits escoliers auroient eu honte de faire dans vne classe,
fit voir combien cette mesme Comprgnie degenere maintenant de la gloire



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